TOPIC DE GROUPE

[HJ: Ici commence le topic commun. Amusez-vous bien jusqu'au 31 janvier. N'oubliez pas les cadeaux sous le sapinet!]

J'ai toujours adoré les fêtes. D'accord, vous allez me dire que j'adore toujours tout, mais c'est faux: je déteste mes soeurs. J'étais d'ailleurs assez déçu d'apprendre qu'elles viendraient toutes les deux à MON bal de Noël. Était-ce trop demander d'avoir une seule soirée sans tyran pour veiller à ce que je n'aie pas trop de plaisir?

Je me doutais bien que Gab serait là: comme si une jolie blondinette dans son genre allait manquer une occasion de mettre une belle robe! Je n'avais pas vu sa robe, mais je l'imaginais très *noëllienne* : verte, rouge ou dorée, brillante ou en satin et, naturellement, avec un décolleté qui, sans être provocant, attirerait l'attention de tous les garçons de la salle. Je ne me plaignais pas trop de ce dernier détail, car j'aurais les sourires des demoiselles délaissées par les fans de ma soeur.

Je n'avais jamais été un tombeur. Effectivement, j'ai toujours été le petit timide que les filles pensaient homo à cause qu'il leur témoignait un trop faible intérêt. Aussi, elles ne me voyaient pas vraiment, me préférant les grands sportifs qui savaient leur parler. Mais moi, je les voyais, les filles. Et je les vois toujours. Quand je suis arrivé à l'auberge, j'ai tout de suite remarqué Lindsay, par exemple. La gêne m'empêchant de me déclarer m'aura finalement sauvé d'une humiliation: celle-ci préfère les femmes. (Qui pourrait l'en blâmer?) Ensuite, il y avait eu Eloïse, une déesse que je n'arrivais toujours pas à chasser de mes pensées, même si longtemps après ces baisers échangés lors de notre première rencontre. Je n'avais pas de talent avec les filles et, ce soir-là, il n'y aurait probablement aucun changement. Cependant, voir les jeunes femmes sourire me procurerait certainement beaucoup de plaisir quand même.

J'avais un look assez voyant, mais jamais autant que ce dont je soupçonnais Marek d'Alembert, Jason Badley ou Ilena Godefroy capables. Ma chemise était d'un orange vivant et joyeux. Je portais un pantalon noir et, pour donner encore plus de joie à me tenue, j'avais choisi une jolie cravate jaune soleil. Quiconque me regarderait devinerait ma joie d'être là.

Tout fut en place à temps: décorations, lumières, buffet, bar... En fait, la préparation s'était mieux déroulée que je l'avais imaginé et j'étais plutôt fier de ne pas avoir à essuyer les reproches de mes soeurs quant à un éventuel retard. D'ailleurs, que venait faire Cybelle à une de mes fêtes? Oui, c'était un bal, une fête spéciale, et elle se déroulait dans son auberge...Et après? Elle aurait pu faire comme d'habitude et rester poliment enfermée dans sa chambre à préparer ses sautes d'humeur du lendemain! Personne n'avait besoin d'elle ici.

Je pourrais avoir l'air méchant de désirer autant l'absence de ma soeur, mais j'exprimais l'avis général. Personne n'aimait cette fille. Aucun employé, aucun résident, aucun client... Gabrielle la tolérait, par obligation. Cloe, un autre monstre, semblait lui témoigner moins d'horreur qu'au reste de l'univers. Toutefois, personne ne l'aimait vraiment. Elle était trop tyrannique, trop instable, trop...Bon, j'arrête, parce que je vais vraiment devenir méchant.

Heureusement, ma soirée compterait beaucoup de gens, ce qui me permettrait d'esquiver les attaques meurtrières de mes soeurs si aimantes. De plus, mes amies Pierann et Lindsay allaient m'aider à rendre le moment mémorable. Cette fête serait super, quoi qu'en penseraient les deux autres blondes propriétaires de notre auberge.

[Immonde Topic de groupe, je n’ai pas le choix de venir à toi ¬¬]


[Celle de droite, je sais qu'on voit pas le devant mais j'ai pas pu trouver mieux XD]


La petite Pierann était impatiente de se joindre au bal de Noël qu’elle avait si ardemment travaillé pour préparer. Elle adorait Raph… même qu’elle l’aimait probablement plus qu’il pouvait penser. Pierann avait déjà une attirance pour ce garçon qu’elle trouvait tellement mignon, alors en travaillant avec lui pour le bal, elle avait appris à le connaître et était tombée amoureuse de lui. Elle avait pourtant cette impression qu’il ne la voyait pas, qu’il ne s’en rendait pas compte. Par contre, elle ne s’en plaignait pas, préférant continuer à être heureuse en secret plutôt que d’être malheureuse au grand jour. Elle ne voulait pas qu’il vienne briser son illusion. Par contre, elle avait bien l’intention qu’il la remarque un peu plus, ce soir-là. Il elle avait l’habitude de porter des vêtements un peu enfantin, ce soir ferait exception à le règle. Elle était très belle. Sa rode était en satin or et possédait une longue et gracieuse traine. Son décolleté n’était pas vulgaire tout en étant quand même présent. Ses yeux étaient pétillants et irradiaient la joie. Ses cheveux étaient coiffés avec gout et elle était vraiment satisfaite du résultat.

Le matin même, elle était descendue en douce dans la salle de conférence. Puisqu’elle organisait la fête, elle avait la clé pour entrer comme bon lui semblait. Elle était allée déposer sous le sapin un cadeau pour Raph et un cadeau pour Christo. Ses deux meilleurs amis… et aussi à peu près les deux seules personnes qui, une fois connaissant son tempérament enfantin, l’aimaient quand même.

Elle était donc descendue de bonne heure. Elle se devait d’être l’une des premières arrivées puisqu’elle était l’hôte de la soirée. De plus, elle voulait soutenir Raph qui avait appris que ses deux immondes sœurs (l’une était quad même moins ignoble que l’autre… Cybelle était le diable en personne) seraient présentes à la fête. Elle avait hâte d’y être! Lorsqu’elle entra elle put constater qu’elle était bel et bien l’une des premières. Elle avait aperçut Gabrielle qui semblait attendre quelqu’un à l’entrée de la salle, probablement une autre conquête d’un soir. Elle fut surprise de constater que malgré sa haine envers elle, Raph la connaissait très bien. Son estimation de la robe qu’elle porterait avait été pratiquement parfaite. Il fallait dire qu’elle ne manquerait pas d’attirer les regards ce soir encore.

Elle trouva donc Raph assez rapidement, la foule n’étant pas tellement dense. Elle fut frappée par la beauté de celui-ci. Il avait l’air du Soleil tant il rayonnait et en plus, la couleur de ses vêtements étaient précisément celles du Soleil. Elle lui fit un grand sourire rempli de joie et s’approcha de lui, semblant malgré tout assez à l’aise sur ses talons hauts. (Il ne fallait pas penser aux nombre d’heures qu’elle avait passées à se pratiquer).

-Salut Raph! Tu es vraiment très beau!

Puis, elle avait rougi.

[HJ: Ci-haut, la robe d'Ilena. Notez qu'elle a aussi de grandes ailes blanches.]

J'avais aimé Noel un peu moins de vingt fois, c'est-à-dire jusqu'à ce que mes parents meurent et emportent avec eux la beauté de la fête. Pendant ces années, j'avais vécu, chaque fois, l'attente des fêtes dans un état frisant l'euphorie. Je fabriquais des cadeaux à mes parents et ceux-ci faisaient leur possible pour m'offrir des cadeaux convenables malgré leurs revenus plutôt moyens. Je passais, avec ma mère, toute une journée à embellir notre petit appartement de guirlandes en carton couvertes de brillants collés par nos soins. Nous avions un petit sapin que j'aimais décorer des boules qui venaient de ma grand-mère. Il y avait même, parmi ces petites parures, de minuscules cerises qui rendaient notre arbre spécial. Nous n'avions rien de neuf, ni rien qui ressemblait à ce que je voyais à travers les fenêtres des belles maisons devant lesquelles nous passions pour aller au marché. Notre sapin était décharné et nous emballions les cadeaux, chaque année, avec le même papier. Cependant, je ne voyais rien de tout cela. J'étais heureuse. Je me laissais porter par la magie des fêtes et nos décorations devenaient dignes des plus beaux contes de Noel. Je dévorais du regard les poupées dans les vitrines des magasins, je m'endormais avec les yeux encore pleins des lumières accrochées aux maisons, je rêvais de forêts enneigées où soufflaient des vents soulevant de brillants flocons qui s'élevaient pour se confondre aux étoiles... J'étais heureuse. Je croyais à Noel.

Le premier Noel après mon mariage avait été celui qui m'avait fait comprendre que, sans famille, la fête ne voulait plus rien dire. Cette année-là, malgré les décorations et les cadeaux sous notre grand sapin tout neuf, les chants de Noel n'avaient aucune saveur. Mettant sur le compte du récent deuil de mes parents ces fêtes gâchées, j'avais essayé de recréer Noel, l'année suivante, mais sans succès. Puis, nous avons dû déménager dans un minuscule trou à rats et nous contenter de minimum. Et Noel ne faisait pas partie de ce minimum. Après la mort de mon mari et les dettes qu'il me laissait en cadeau, j'ai perdu toute envie de fêter. De toute façon, dans ce milieu, le temps des fêtes sert à bien autre chose que s'asseoir avec un chocolat chaud devant son sapin. Les gens se sentent seuls. Il faut les occuper, les consoler, les dorloter... Il faut être leur cadeau de Noel.

Quand je m'en étais sortie, grâce à mon héritage, j'avais continué à bouder Noel. Il ne valait plus rien. D'ailleurs, j'avais longtemps hésité à venir au bal de l'auberge. Puis, je m'étais dit qu'Ilena Godefroy ne pouvait pas manquer un bal de cette envergure sans bonne raison et je ne me sentais pas la force d'en inventer une. Encore une fois, le temps des fêtes me coupait toute énergie.

J'avais donc décidé de faire comme si l'idée m'emballait, entretenant tous et chacun de ma hâte d'y aller. J'avais même choisi une robe excessivement d'ambiance. Je ne l'avais pas prise rouge, verte ou dorée, car ces couleurs sont trop populaires à Noel. Ma robe était blanche, totalement. Elle avait, bien entendu, un décolleté plongeant. De fins brillants argentés étaient parsemés partout sur elle et elle devenait immense dans le bas. Pour collier, j'avais choisi un minuscule diamant qui rappelait les petites paillettes, tout comme les boucles d'oreilles. Le mieux, avec ma tenue, c'était les ailes. Parce que, oui, il y avait des ailes. J'avais déniché de belles ailes d'ange, couvertes de plumes. Assurément, tout le monde ne verrait que moi.

Je serais l'ange de la soirée, mais aussi la déesse (comme toujours). Autant profiter de ma présence quasi-obligatoire pour montrer, une fois de plus, mon incomparable don du spectacle. Encore ce soir-là, j'avais presque un costume de scène.

Vous pouvez commencer à appaudir. La grande actrice arrive.

[MUAHAHAHA !! Encore une fois, je vous tue tous avec ma super robe de la mort qui tue parce que c'est la plus magnifique !

Spoiler:

Noël, ah, Noël ! Et Noël rime avec belle ; Eloïse était belle ! Un bal avait été organisé et elle comptait fermement s'y rendre. Sa magnifique robe était délicatement posée sur son lit, sur un cintre de velours blanc, dans une housse pour la protéger et les bijoux qu'elle porterait lors de cette soirée l'attendaient sagement dans leur écrin blanc et doré, brillant au moindre rayon de lumière venant les caresser tendrement. La jeune fille venait de sortir de sa douche et était emmaillotée dans une courte serviette blanche, tandis qu'elle sortait ses effets. Et maintenant qu'ils étaient apparu au grand jour, de sa chambre, elle allait pouvoir les revêtir et être ainsi celle vers qui tous les regards étaient tournés car ce soir, elle s'appelait Provocation. Et toute cette Provocation résidait dans sa robe. En enfilant ses bijoux, elle se nommait Luxure. Ses talons la baptisèrent Assurance et son maquillage lui donnait le nom d'Audace. Autant d'adjectifs pour qualifier celle qui s'habillait et s'apprêtait à passer une soirée mémorable.

Emportant ses vêtements avec elle dans sa salle de bain, elle n'en ressortit qu'une fois parée, une heure plus tard. Elle était époustouflante dans sa robe magnifique. Celle-ci était dorée et longue, lui recouvrait les pieds et traînait légèrement sur le sol. Mais quelle robe ! Elle lui offrait un décolleté plongeant : normal, seule sa poitrine était couvert et ce, juste avant le nombril. Un large ceinture ornée de paillettes dorées lui cintrait la taille et permettait au haut de sa robe de se maintenir joliment. Cela lui offrait aussi un magnifique décolleté dans le dos. A son poignet gauche scintillait un large bracelet d'argent et d'or blanc et son annulaire droit était orné d'une bague assez imposante dans les mêmes matériaux précieux. Je précise, ces bijoux lui avaient été offerts par l'un de ses cousins pour son anniversaire et ils avaient été livrés avec la robe. Merci Léo ! (Léo est le nom de son cousin). Ses yeux étaient noircis au mascara, ses paupières fardées d'un magnifique rose ajusté d'un marron clair et d'un nouveau fard doré qui faisait ressortir ses yeux noisettes doux et langoureux. A ses oreilles pendaient de jolies boucles d'oreilles en argent et cristal. La belle était juchée sur des escarpins de quinze centimètres, dorés aux boucles brillantes. Elle était prête ! Eloïse s'admira une dernière fois dans son grand miroir au cadre doré, passa doucement un peu de gloss rose pâle sur ses lèvres tendres et s'enfuit de sa chambre.

Pourquoi avait-elle tant tenu à provoquer les foules ? Peut-être parce qu'elle avait tellement mis le paquet au premier bal qu'elle voulait tenir à sa réputation. Quand on la voyait maintenant, on était loin, à des années lumières de la jeune fille timide auprès des garçons et elle devait bien se l'avouer, cela lui manquait presque. Elle se souvenait de chacune des fois où elle avait rougi quand l'un des nombreux beaux garçons de son lycée était venu lui adresser la parole devant ses deux meilleurs amis, quand elle descendait les escaliers de la cour au bras de son nouveau copain, devant tous les élèves. Elle se rappelait qu'elle s'était parfois sentie mal à l'aise quand toutes ses amies et surtout Aleksandr et Lorenzo la regardaient indiscrètement quand elle et sa conquête s'embrassaient. En plus de tout cela, une sorte de revanche le rongeait de l'intérieur. Rappelez-vous le bal d'Halloween, elle était partie aux bras du justicier vert et bien, après s'être maintes fois concentrée, Eloïse était parvenue à se rappeler plus ou moins bien de ce qui s'était passé. Elle et son cavalier s'étaient rendus dans la chambre de ce dernier, s'étaient cajolés mais, à cause de son alcool ingurgitée, la tête de la jeune blonde s'était mise à lui tourner et elle avait finit par s'endormir sur le torse nu de son cavalier. Qui l'avait sûrement ramenée dans sa chambre, allez savoir comment il savait où elle logeait, et l'avait posée sur son lit. Ce qui expliquait le pourquoi du comment qu'elle avait encore ses habits sur elle et qu'elle n'était pas démaquillée. Et tout cela relevait pour la jeune femme du fiasco total ! Or, elle ne supportait pas les fiascos ! Voilà la raison pour laquelle elle avait sortit sa belle robe provocante mais tellement belle.

Au bout de quelques minutes, elle arriva finalement dans la salle de bal. Cette dernière commençait doucement à se remplir et ses yeux noisettes distinguaient déjà quelques figures connues. Bien qu'elle n'ait pas réussi à se souvenir de la tête de son cavalier d'Halloween, elle n'eut toutefois aucun mal à apercevoir le beau Raphael. Cependant qu'elle embrassait du regard la salle, elle s'était arrêtée dans l'embrasure de la porte, allongeant son cou de cygne et en entrouvrant légèrement ses lèvres pulpeuses. Eloïse n'avait pas remarqué que bon nombre de regards étaient fixés sur elle et son décolleté plus que plongeant. La jeune blonde ne put s'empêcher de traverser la salle en son centre et c'est comme si les gens se décalaient pour mieux la laisser passer. Eloïse avait toujours été traitée comme telle ; c'était une petite princesse, on l'avait toujours complimentée quant à sa beauté, ses nombreuses qualités et les présents offerts par ses parents et sa famille lui avaient permis de comprendre dans quel monde privilégié elle vivait. Elle se dirigeait droit vers Raphael et inconsciemment, elle lui avait fait un joli cadeau pour Noël (je ne parle pas du décolleté) : elle n'avait pas pris ses cigarettes avec elle ! Allez vous fourrer un paquet dans le soutien-gorge avec une robe comme celle d'Eloïse ! Vous verrez comme c'est difficile. Son visage lumineux arborait un radieux sourire tandis que ses pas la rapprochaient du jeune homme. Sa tenue était on ne peut plus voyante et inutile de préciser qu'il ne passait guère inaperçu.

N'en pouvant plus, Eloïse souleva légèrement les pans de sa longue robe d'une maine et se mit à courir aussi vite que ses talons de quinze centimètres le lui permettaient en direction de Raphael. Son souvenir n'avait cessé de hanter ses nuits depuis leur rencontre et leur échange de baisers. Autant vous dire qu'elle fonça littéralement sur le jeune homme, le percutant de plein fouet.

- Raphael !

Le pauvre n'avait pas compris grand chose à ce qui lui était arrivé : une furie blonde et dorée lui avait sauté dessus et prononçait son nom. Et en plus, elle avait un magnifique décolleté ! Même dans le dos !! Cela ne pouvait être que la jeune fille à la cigarette qui l'avait embrassé plus d'une fois dans le parc de l'auberge : Eloïse Mac Ellinger ! La petite fille du célèbre bandit John Dillinger ! Et elle était toute en beauté ce soir, encore plus qu'à l'accoutumée. Cette dernière continuait de le serrer dans ses bras et finit, au bout de quelques instants qui lui semblèrent être des heures, par relâcher son étreinte et remettre en place une de ses mèches laissée libre derrière son oreille.

- Comment vas-tu depuis la dernière fois ? Demanda-t-elle enjouée et enthousiaste.

Oh my Go(l)d ! This Shining Starlette is like God !

La robe de Cybelle:


Cybelle ne comprenait pas pourquoi elle allait à ce bal. Elle avait retourné la question dans tous les sens et, pourtant, elle ne saisissait toujours pas ce qui l’avait poussée à décider d’y aller. La jeune femme détestaient les gens, les fêtes, Noël, les décorations, choisir des vêtements, se coiffer spécialement… Au fond, elle détestait beaucoup de choses, mais ce n’était pas nouveau. Ce qui était nouveau, c’était qu’elle allait à une fête pour Noël où il y aurait plein de gens et pour laquelle elle avait dû se choisir une robe et changer de coiffure.

Habituellement, Cybelle laissait ses cheveux un peu trop blonds détachés et elle ne se souciait d’eux que pour qu’ils soient présentables. Ce soir-là, elle les avait remontés en un genre de chignon en laissant des mèches frisées en descendre en cascades. Elle s’était maquillée de la même manière que tous les jours, par contre. Elle n’avait rien de plus qu’une fine ligne de crayon noir qui remontait un peu aux extrémités extérieures de ses yeux et du mascara d’un noir profond qui venait accentuer ses cils. Elle portait une robe de soie turquoise avec une couche de dentelle noire qui formait un fin motif par-dessus. Le haut de son vêtement était un corsage et le bas était par petits étages. Jusqu’à la mi-cuisse, là où arrêtait la robe, on pouvait voir les jolies jambes de la demoiselle, lesquelles étaient couvertes d’un bas de nylon légèrement teinté de noir. Les souliers étaient très simples. C’était comme des ballerines, mais avec des talons hauts. Un immense collier en argent vieilli de style médiéval avec des pierres noires venait rehausser sa tenue. Cybelle avait rarement été aussi magnifique. On oubliait presque qu’elle était un peu trop maigre et que ses yeux lançaient des clairs de haine.

La jeune femme était entrée dans la salle et elle s’était postée près de la porte pour attendre son cavalier. Elle profita de cette attente pour détester cordialement l’endroit. *Trop de lumières, trop de décorations, trop de Raphael et Pierann…* Le frère de la jeune femme était une vraie plaie dans sa vie. Il était toujours partout, à étaler sa joie et à faire semblant qu’il ne savait pas qu’il énervait tout le monde. Pierann était à peu près semblable, mais en plus stupide. La jeune femme la trouvait tellement niaise avec son comportement enfantin et ses sourires inutiles. Cybelle les aurait démembrés sauvagement. Encore ce soir-là, ils rayonnaient imbécilement au milieu de la foule avec leurs vêtements ridicules, surtout dans le cas de Raphael. *Ils n’ont pas mal à force de sourire constamment?*

Cybelle avait envie de partir. Elle savait qu’Oliver serait au bal et qu’il ne la lâcherait pas. Depuis qu’ils s’étaient rencontrés dans le parc, ce pauvre type la collait comme si sa vie dépendait d’elle. Pourtant, la jeune femme avait mis beaucoup d’effort pour être grandement désagréable avec lui. Il devait être encore plus lent que Pierann, selon elle. Même la petite réceptionniste avait compris qu’il valait mieux se cacher parmi des serpents venimeux qu’aller parler à Cybelle. Pourquoi ce mec ne comprenait pas?

La jolie blonde eut envie d’étirer un bras pour frapper la personne la plus proche d’elle, peu importe qui ce serait, juste pour se défouler un peu. *Pourvu que Steven arrive vite…* Elle ne voulait pas avoir à endurer Oliver. Quand son cavalier serait là, elle pourrait joyeusement éloigner l’autre nul en lui disant qu’elle voulait profiter de sa soirée avec lui.

[HJ: Heather, je tuerais pour ta robe.]

Je n'étais pas fâchée que personne ne vienne me parler alors qu'il y avait cinq bonnes minutes que j'étais arrivée au bal. Je vous assure que je ne l'étais pas...ou si peu. Après tout, il était normal que les gens préfèrent fréquenter leurs amis que venir parler à la plus extraordinairement belle de la soirée. J'intimidais tout le monde et j'en étais pleinement consciente.

Mon faux sourire, choisi exprès pour la soirée, tenait bon malgré tout ce qui essayait de briser mon bonheur apparent. Le pire, c'était ces filles. Toutes des bombes dans leurs robes de bal, tellement que j'avais l'air d'un vieux jouet délaissé par les petites filles pour la toute nouvelle babiole sortie en magasin... J'avais beau avoir choisi une robe exquise, la jeunesse des ces demoiselles rayonnait à travers le tissu de leurs robes au moins aussi belles que la mienne. Je les détestais toutes. J'en voulais à la petite réceptionniste d'avoir presque l'air d'une femme dans sa jolie robe de bal. Je me plaisais à toujours la dénigrer mentalement en me disant qu'elle n'avait visiblement pas atteint la puberté mais, pour une fois, elle était belle au point que j'oublie que j'avais l'habitude de m'amuser de sa naïveté. Cybelle me paraissait humaine avec sa tenue digne de mieux que le sac d'os auquel j'étais habituée. Elle semblait moins proche de la mort par manque de nourriture et je ne savais pas si c'était la magie de la soirée ou si elle s'était mieux occupée d'elle depuis un certain temps. La résidente brune, celle que je ne me souvenais pas d'avoir vu ailleurs qu'au bar, portait la plus merveilleuse robe que j'avais jamais vue. Je n'aurais même pas été en mesure de l'imaginer. De plus, le vert du vêtement faisait ressortir ses yeux, d'une couleur beaucoup plus frappante que le bleu-gris des miens ce soir-là. Peut-être fraterniserait-elle avec l'alcool au point de m'offrir sa robe? La cliente dont j'oubliais fréquemment le nom était à tomber et je lui aurais arraché sa robe pour la porter à sa place si je n'avais pas été aussi bien élevée. En réalité, je crois bien que j'aurais chassé son âme de son corps pour prendre sa place. J'aurais voulu être cette jeune femme et ne pas avoir besoin d'ailes de deux mètres de haut pour qu'on me remarque.

Pour me changer les idées, je me dirigeai vers l'arbre de Noël pour aller vérifier si un présent m'y attendait. J'agrandis les yeux et je rougis (avec le temps, j'avais appris à rougir sur demande) en empoignant un joli paquet à mon nom. Il était écrit que c'était de la part d'un admirateur secret. Je laissai échapper un petit rire, assez discret pour qu'il ait l'air naturel, mais assez fort pour que les gens autour me portent une attention plus concrète.

-Mais comme c'est gentil! Qu'est-ce que ça peut être? Et, surtout, de qui provient ce cadeau?

Je jetai quelques regards curieux autour de moi, l'air de chercher le coupable de cette attention envers moi. J'entrepris ensuite d'ouvrir mon cadeau avec un apparent mélange de timidité et d'excitation. La boîte contenait un magnifique collier en or avec un pendentif en diamant en forme de coeur. Je déposai la boîte vide et je contemplai le collier avec admiration.

À gauche du coeur brillant, je vis Darryl. Bien sûr, il n'était pas directement à côté du collier, mais la perspective le faisait se tenir exactement à cet endroit. Je piquai donc droit vers lui à travers la foule. Je l'avais laissé filer à l'Halloween et je ne répèterais pas cette erreur. De plus, j'avais croisé sa chère soeur empêcheuse de baiser en rond durant la journée et je m'étais subtilement informée de ses plans de la soirée, histoire d'avoir une longueur d'avance sur ma proie. La douce demoiselle ne viendrait pas au bal. Son frère serait donc libre de penser à une autre personne qu'elle: moi!

Je rattrapai le mignon garçon et je le coinçai entre moi et un mur. Je ne le tenais pas comme une pauvre femme en manque; je ne faisais que me tenir habilement entre lui et le reste du monde. D'un oeil extérieur, je n'avais même pas l'air de le retenir. J'étais seulement devant lui, à lui sourire malicieusement.

-Salut, mon joli. Tu as été plutôt...discret, depuis l'Halloween. Pas moyen de te voir. Je compte bien sur cette soirée pour t'aider à te détendre un peu...Et, heureusement, tu n'auras pas à surveiller ton adorable soeur: elle m'a dit qu'elle resterait tranquillement dans sa chambre.

D'accord, Kylia ne m'avais pas exactement dit qu'elle resterait dans sa chambre. En réalité, j'ignorais totalement ce qu'elle faisait de sa soirée. Tout ce que je savais, c'était qu'elle ne venait pas au bal. C'était amplement suffisant.

-Tu vas pouvoir t'amuser librement...avec moi.

Je m'approchai de lui pour que nos corps se frôlent un peu et je plantai un regard aguicheur dans ses yeux. Mon attitude était assez équivoque.

-Bien sûr, seulement si tu en as envie...

Pendant que je disais cette dernière ligne, ma main s'était innocemment mise à caresser son cou. Je savais bien que je prenais des risques en y allant aussi radicalement, mais je n'avais pas de temps à perdre. Je ne pouvais passer Noël seule à aucun prix...

[Edit Gab': Excellent choix, extremmement sexy(L)]

Spoiler:

La fête de Noël n'avait jamais été excitante, excellante ou simplement intéressante. Peu importe la situation dans laquelle il avait été, peu importe l'endroit où il avait été et peu importe le peuple qui l'entourait au même moment, jamais cette fête qui semblait si importante aux yeux des autres ne l'avait intéressée. Après tout, à quoi servait-elle? À être gentil pendant une courte période de temps parce que c'est Noël? C'est pas vrai, allez dans les grands centre d'achats et remarquer cette gentillesse dans le stationnement, impossible d'y trouver beaucoup de gentillesse, politesse ou de galanterie. Noël, c'était pire que tout le reste, une fête matérielle qui ne servait qu'à une chose: faire chier et avoir un 'boxing week''. Au moins, il y avait cela d'intéressant, ces spéciaux qui donne l'impression que tous les magasins sont en vente de fermeture alors qu'ils ne font que vider leurs entrepôts dans l'idée d'acceuillir les nouveaux modèles de vêtement, les nouvelles lampes sur pied et tout le tralala. Tout cela pour que, deux mois plus tard, tout le monde se rende compte que tous leurs achats fait pendant le temps des fêtes est déjà périmé, surtout pour ce qui est des vêtements. La mode change de couleur, de style, et toutes les petites dames chialent qu'elles ne sont plus à la mode et surtout, surtout qu'elles n'ont rien à se mettre pour l'aniversaire de la cousine de l'amie de leur demie-soeur.

Oui, il s'était habillé [comme la plupart du temps...], mais là, il s'y était mis un petit peu. Après tout, c'était un bal, une fête et donc, un habit un peu plus propre s'imposait d'elle-même. N'allez pas croire pour autant qu'il allait magasiner pour se trouver quelque chose de chic à porter ou quoi que ce soit, oh non. Ces temps-ci, depuis l'halloween surtout [ouais, comme si on savait pas pourquoi.. hein Heather!], il semblait avoir perdu cette joie de vivre qui l'animait avant. Il était rendu solitaire, peu vif mais surtout, il n'était plus maladroit. C'était exceptionnel, lui qui l'avait toujours été et qui avait tant fait rire avec cela, il n'avait pas trébuché, ni même fait tombé quoi que ce soit, ou alors s'était enfoncé accidentellement la tête dans les seins d'une madame à forte poitrine [insérez ici le nom de Ilena]. Mais il faut aussi dire que cet solitude qui l'empêchait de sortir depuis deux mois aidait beaucoup à diminuer le nombre d'accident. Il sortait pour manger, quand il en avait envie et revenait aussitôt dans sa chambre, faisait les quelques commissions qu'il avait besoin et revenait dans sa tête, et restait dans sa chambre pour parler avec son gérant. Il avait même refusé une audition très prometteuse, un rôle qui semblait avoir été créé pour lui, ou plutôt le Steven de deux mois auparavant, mais il n'avait même pas essayé.

Veston noir sur ses épaules, bien ajustée, auqel il avait détaché tous les boutons lui découpait bien la silhouette, une chemise blanche elle aussi très jolie accompagnait le veston à merveille, un gilet noir simple assurait que les boutons détachés de sa chemise ne laisse pas trop parraître de peau. Un jeans [eh oui, quelle classe!] unis d'un bleu grisé foncé laissait parraître qu'il n'avait plus envie d'être dans cette fête à laquelle il n'était même pas encore, des souliers noirs légèrement usés et pas plus propres qu'il ne le faut montrait qu'il savait danser mais qu'il ne montrerait pas ses talents ce soir et ses cheveux, trop longs à son goût, étaient dépeignés [mais propres] et montrait sa lassitude à se préparer. Le tout mis ensemble était vraiment très joli, naturel, décontracté et particulièrement sexy.

Il était temps [même s'il n'était pas conscentant] de quitter son repère. Même si quelqu'un l'attendait, il voulait rester là, là où il se sentait... 'bien'. Là où il pouvait éviter de croiser Heather, éviter de devoir absolument penser à elle. Il aurait préféré se mettre la corde au cou plutôt que d'aller à cette soirée, mais ce serait détestable pour la personne qui le trouverait et peu satisfaisant pour lui qui se viderait.... plutôt moche oui. Afin d'éviter cela, il décida au bout de plusieurs minutes de quitter.

Mais qu'est-ce que lui avait pris de l'inviter, elle? Plutôt se tirer une balle que d'y aller avec elle. Elle avait cette réputation, cette très mauvaise réputation qui dépassaît la réputation de prédateur sexuel de Nathan Sinclair, dépassait l'égocentrisme et l'excentrisme de Jason Badley, dépassait la bombe sexuelle qu'était Gabrielle Désirée, dépassait l'innocence maladive de Viktor Graham et la stupidité de Christopher Beaudoin [Moi aussi je t'aime]. Elle était la personne la plus connue ici et celle que personne ne voulait connaître. Steven avait alors besoin de beaucoup d'attention pour l'accompagner, malheureusement pour lui. Mais il était bon acteur, surtout dans la vraie vie, alors il pourrait faire semblant d'être gentil. Un dernier couloir et puis Hop! Il se retrouvait face à la salle. Il avança, regardant droit devant lui et ignorant absolument tout le monde. Trouvez comment, il passa à côté d'une... d'une personne, portant une robe intensément verte, sans même la remarquer. Il ne voulait rien savoir du monde entier, encore plus de cette fille et même s'il ne le savait pas, cela lui faisait un bien fou de ne pas la remarquer. Poussant la porte, il dévoilà la salle à son oeil, mais non, il n'en faisait rien. C'était Noël, et alors? Tout ça ne l'impressionnait absolument pas. Il chercha rapidement la chevelure blonde qu'il trouva rapidement et s'en approcha, sourire faux aux lèvres mais sourire qui semblait si vrai. Comme s'il pouvait vraiment être heureux d'être là. Il serait heureux d'être là, tant qu'il pouvait partir, maintenant!

-Mais quelle délicatesse! Quelle finesse! Cette robe vous va à ravir et vous avantage largement madame Douglas.

Il dit ces paroles sur un ton faussement ancien, galant et un peu moqueur. Il ne se voulait que comique, aucunement offensant, comme s'il jouait un autre rôle pour un court instant. Le ton très soutenu montrait l'ampleur de ses paroles qui s'avéraient légèrement vraies. La robe, turquoise, s'agençait avec la cravate que Steven avait mise, cravate aucune attachée comme quelque de classe, mais comme quelqu'un qui ne prend pas la fête au sérieux et qui se met à son aise. Le noeud arrivait à la même hauteur que son décolleté et le bracelet à son poignet droit allait très vien aussi avec la couleur de la robe. Évidemment, ils s'étaient donné le mot avant de venir, car sinon il aurait laissé tombé les accessoires.

*T'aurais pas envie de partir par hasard?*

-Alors, on doit commencer par les cadeaux sous le sapin, la danse ou alors commencer à se saoûler pour *oublier qu'on est ensemble à une fête complètement stupide*.. pour absolument aucune raison précise?

[HJ: Je m'excuse Christo. Tu sais comme je t'aime...]

Marek avait lu sur le visage de Christopher son envie de se jeter sur lui lorsqu'il était arrivé. S'il n'avait pas eu l'apparence de Viktor, le jeune homme en aurait été plus que ravi, mais il savait que ce n'était pas pour lui que Christo se montrait involontairement aussi enthousiaste. Cela ne fit que renforcer son envie de réussir son plan. Viktor Graham ne méritait pas celui que Marek convoitait. Il était trop niais, trop terne pour apprécier le jeune homme à sa juste valeur. Surtout, il ne pouvait pas avoir besoin de lui autant que Marek en avait besoin.

Le contact de la main de Christopher sur son épaule fut comme une brûlure pour le faux Viktor. Pendant qu'il se tournait pour faire face à celui qu'il devait trahir, il hésita encore une fois. Allait-il vraiment lui faire ça? Le jeune homme devant lui était si spécial. Il méritait ce qu'il y avait de mieux, mais, ce mieux, quel était-il? Marek essayait de se convaincre que ce n'était pas son rival, celui qui devait se morfondre dans sa chambre alors qu'un autre avait pris son apparence pour détruire sa vie. Quelqu'un comme l'homme à tout faire ne pourrait pas apprécier toute la complexité de Christo. Il ne réussirait pas à voir toute sa beauté, comme Marek le faisait. Le jeune photographe avait vu, dès sa première rencontre avec Christopher, à quel point ce dernier brillait d'une manière particulière. Il y avait, au fond de ses yeux, des éclats de douleur si magnifiques. Seul un artiste comme Marek pouvait les voir sous leur vrai jour, dans toute leur fragile beauté.

Christo laissa un peu trop tendrement sa main caresser le bras de celui qu'il croyait être Viktor avant de la glisser doucement dans celle de l'autre jeune homme. Définitivement, c'était plus difficile que ce que Marek avait prévu. Faire du mal à Christo, même en se faisant passer pour quelqu'un d'autre, était horriblement déchirant. Le photographe avait beau se dire que c'était nécessaire, il restait en lui une espèce de crainte diffuse de faire le mauvais choix.

Pendant quelques secondes, le visage de Lou se superposa à celui de Christo. Depuis l'Halloween, les choses avaient changé entre Marek et le centaure. Ils avaient terminé la soirée dans le même lit sans qu'aucun des deux n'ait vraiment prévu ce dénouement. Marek aimait tellement draguer que, quand Lou lui avait donné la permission de lui faire la cour, il avait perdu le contrôle et il avait oublié qu'il ne voulait pas tout gâcher avec son ami. Le jeune homme regrettait que cette nuit ait installé un froid entre lui et Lou, mais il n'arrivait pas à avoir envie d'en effacer le souvenir. D'un oeil extérieur, Lou pouvait sembler délicat, voire même fragile, mais Marek l'avait trouvé plus...intéressant dans l'intimité. Il avait cette étincelle qui donnait envie au jeune homme d'en demander et d'en offrir toujours plus. Malgré tout, une fois Lou endormi, l'autre jeune homme avait fait comme à son habitude lors d'une nuit du genre: il avait ramassé ses affaires et il était parti. Marek n'avait alors pas été présent, quelque temps plus tard, lorsque son amant d'un soir avait retrouvé son corps à demi animal. Ils n'en avaient pas reparlé et, quand Marek avait tenté un commentaire plus aguicheur, son ami lui avait fait comprendre que leurs rapports étaient revenus au stade de la simple amitié. Depuis, quelque chose avait changé. C'était subtil et évident à la fois. Il manquait une certaine joie à Lou et Marek sentait une culpabilité illogique le gagner à chaque fois qu'il remarquait que son ami n'était plus comme avant. Après tout, c'était Lou qui avait commencé...Non? C'était bien lui qui lui avait offert la possibilité de se rapprocher de lui plus concrètement. Marek n'avait pas de raison de s'en vouloir d'avoir participé avec enthousiasme à ce qui lui avait semblé être une initiative de son ami. Alors, pourquoi n'arrivait-il pas à arrêter de chercher ce qu'il avait fait de mal?

Marek chassa Lou de ses pensées. Il aurait bien le temps de travailler à regagner son amitié une fois qu'il se serait occupé de ce qu'il avait à faire. Après tout ce temps à être amis, on ne pouvait pas se perdre pour une simple histoire physique qui n'avait duré que quelques heures. Si Lou regrettait, c'était bien dommage pour lui, mais il aurait dû y penser avant. Il devait bien savoir que, gagné par l'intensité de sa passion, Marek ne réfléchirait pas, lui.

-Oui… qu’est-ce que… qu’est-ce que tu voulais me dire?

Le jeune homme planta son regard vert dans celui de Christo et il réunit son courage pour oublier la douleur qu'il allait infliger à celui qui était devant lui. Il s'efforça de prendre un air innocemment navré pour qu'il soit exactement comme le serait Viktor dans la situation présente.

-Eh bien...Je tenais à m'excuser...

Ces paroles n'avaient rien de faux, puisque Marek s'en voulait déjà. Il lâcha doucement la main de Christopher et il recula légèrement en détournant le regard pendant quelques secondes, à la fois pour chercher un peu plus de force et pour donner l'impression d'un malaise de la part de celui qu'il jouait.

-Je sais que j'ai agi avec toi comme si c'était...euhm...sérieux, pour nous deux. Le fait est que...ce n'était pas le cas. Je suis désolé, mais je préférerais que tu ne me parles plus...

Marek avait bien conscience que ce qu'il venait de dire était affreux pour Christopher, mais ce n'était pas encore assez. Il devait s'assurer qu'il ne lui échappe pas en trouvant une possibilité de pardonner à Viktor. Il devait le détester et, pour s'attirer la haine des autres, Marek d'Alembert était plus que doué.

-Tu deviens de plus en plus envahissant et...c'est pesant. Laisse-moi tranquille.

Le jeune homme espérait avoir atteint le coeur de sa cible, assez pour le briser un peu. Ainsi, il pourrait mieux intervenir pour le réparer et le garder pour lui...

[En effet, Heather, je vais sûrement mourir d'ennui avec lui. (Sans rancune, Steven! Je travaille à oublier mon chocolat à l'orange pour toi...) Ne t'inquiète pas, je ne te le volerai pas.]

Cybelle jeta un regard de biais vers l'énorme sapin qui, selon elle, encombrait la salle. Il lui rappelait celui qui était dans l'immense maison de ses parents adoptifs. Ceux-ci décoraient la maison le premier novembre. Le sapin, si grand fut-il, ne pouvait pas rivaliser avec le reste des décorations. Guirlandes, boules de Noël, posters, fausse neige, imitations de glaçons... Rien n'était trop pour le changement de look hivernal de leur foyer. Une fois que tout était en place, on ne reconnaissait plus l'endroit qui ressemblait plus à un magasin d'articles du temps des fêtes qu'à une maison. À chaque année, Cybelle en avait eu mal au coeur au bout d'un moment.

Quand elle était toute petite, elle avait apprécié les premiers temps des décorations de Noël pour avoir hâte, une fois arrivée au réveillon, que ses parents les enlèvent. Deux mois pour une même fête, c'était trop. De plus, avec les années, elle s'était mise à détester chaque occasion pour célébrer. Elle se sentait si mal qu'elle n'avait aucune envie de se montrer heureuse lors de réunions de famille. Les premières années durant lesquelles son père avait abusé d'elle, la petite Cybelle ne comprenait pas ce qui se passait et ce qu'elle faisait de mal. Elle avait constamment envie d'être à l'écart, pour ne pas déranger ces qui ne devaient pas avoir besoin de son encombrante présence. Surtout, elle ne voulait pas qu'un autre homme décide de jouer avec elle comme son père le faisait. Elle détestait quand il promenait ses mains sur son corps, mais il lui avait si bien fait comprendre qu'elle ne devait pas en parler que la jeune fille ne savait pas qu'il était le seul à blâmer. Plus tard, elle avait compris qu'il était le salaud et elle la victime. Seulement, elle navait pas plus su ce qu'elle devait faire. Devait-elle risquer de se retrouver à la rue et de tomber sur encore pire que son père? Cybelle avait alors choisi d'endurer jusqu'à sa majorité, moment où elle serait réellement libre. De toute façon, si elle en avait parlé, elle aurait eu tort, comme toujours. Puis, la lettre était arrivée et la jeune femme était partie pour l'auberge. Elle n'avait plus revu ses parents, mais elle pensait trop souvent à eux à son goût. Lors des fêtes, par exemple.

Cybelle aurait dû refuser l'invitation de Steven pour ce stupide bal. Elle ne savait pas pourquoi elle avait accepté d'y aller avec lui. Plusieurs raisons lui avaient semblé suffisantes sur le moment mais, après réflexion, dans la plupart des cas, elle aurait pu s'en sortir autrement. Par exemple, pour éviter Oliver, elle aurait simplement dû rester enfermée dans sa chambre. Elle aurai pu confier la surveillance de la fête à un employé et faire semblant de croire son rapport sur la soirée, alors qu'elle savait bien qu'ils se protégeaient les uns les autres. La seule bonne raison d'accepter l'invitation du joli Steven était qu'il était un client qui avait été traité de manière trop peu convenable à son arrivée. Aller au bal avec lui était une faveur pour lui montrer qu'il n'y avait rien que les propriétaires de l'auberge ne faisaient pas pour rendre leurs clients heureux, bien qu'il y ait une certaine limite à franchir. En aucun cas, même s'il venait à la supplier, Cybelle ne s'abaisserait à passer la nuit avec Steven. Il n'y avait bien que Gabrielle pour laisser les hommes disposer d'elle à leur guise. Cybelle la trouvait répugnante... Comment pouvait-elle se regarder dans une glace sans avoir honte? Heureusement, la plus âgée des deux soeurs se doutait qu'elle n'aurait même pas à se refuser à Steven. Elle sentait qu'il n'était pas ce genre de pervers qui oserait exiger d'elle les mêmes cochonneries que sa tellement belle soeur faisait avec n'importe qui. Gabrielle s'était calmée, depuis un moment, mais rien ne prouvait que c'était définitif. Toutefois, pour Cybelle, sa propre froideur était visiblement irréversible.

Steven entra dans la salle et sa cavalière ne prit que quelques secondes pour remarquer la fausseté de sa bonne humeur. Elle apprécia tout de même le talent du jeune homme, car elle mesurait bien avec quelle aise il montrait ce qu'elle devinait être le contraire de ses émotions. Pour une personne normale, il était évident que Steven était follement heureux d'être à ce bal. Cependant, Cybelle savait très bien déceler le mensonge. Elle-même s'en enîvrait si facilement! Elle était très douée pour montrer ce qu'elle ne ressentait pas envers des gens pour qui elle n'avait aucun sentiment. Sa colère n'était jamais telle que les autres la percevait. Tous la croyaient dirigée contre eux, mais c'était contre elle-même que la jeune femme en avait, et c'était beaucoup plus de la haine que de la colère. Pourtant, avec le temps, Cybelle avait appris à montrer seulement ce qu'elle voulait d'elle aux autres. Ainsi, les clients la trouvaient merveilleusement courtoise et les employés la croyaient capable de les tuer durant leur sommeil. Pour tous, elle était aussi insensible et inatteignable que les statues de marbre qui décoraient le hall. Cybelle Douglas n'avait pas de coeur et elle n'en aurait probablement jamais. Alors, était-ce pour cette raison que tous les commentaires méchants sur elle lui faisaient autant de peine, même si elle n'arrivait pas à en espérer d'autres?

-Mais quelle délicatesse! Quelle finesse! Cette robe vous va à ravir et vous avantage largement madame Douglas.

*Mademoiselle...* Cybelle laissa un faux air semi-enjoué (il ne fallait pas trop en mettre) gagner son visage. Il était certain qu'elle ne s'amuserait pas ce soir-là, comme toujours, mais elle pouvait toujours en donner l'impression.

-Merci. Votre look est assez...contemporain.

C'était une manière gentille de dire qu'il n'était pas aussi chic que ce genre de soirée l'exigeait. Heureusement pour lui, Cybelle appréciait ce qu'il portait. Elle ne le lui dirait pas, mais elle préférait ce style vestimentaire à quelque chose de trop protocolaire, comme ce que portait Matt Wallace, celui qui la concurrençait sur le titre de la personne la moins sociable. La jeune femme avait d'ailleurs opté pour une robe courte, alors que les bals étaient les occasions idéales des longues robes de princesses. Cybelle se voyait plus dans le rôle de la méchante belle-mère que dans celui de la petite princesse qui trouvait stupidement le bonheur en partant avec le premier con venu sur un cheval blanc.

-Alors, on doit commencer par les cadeaux sous le sapin, la danse ou alors commencer à se saoûler pour... pour absolument aucune raison précise?

-C'est vous qui m'avez invitée; vous décidez.

Cybelle ne pouvait pas s'empêcher de vouvoyer ses clients. De plus, Steven ne l'avait pas autorisée à le tutoyer, ce qui la forçait à respecter la règle non-écrite de respect envers ceux qui contribuent à faire fonctionner votre entreprise. La jeune femme avait volontairement évité de prendre la responsabilité des activités. Elle n'avait pas envie d'aller constater qu'il n'y avait aucun cadeau pour elle sous l'arbre, elle détestait danser (puisque Gab aimait cette activité) et l'espèce de pause de Steven sur le sujet de l'alcool ne lui faisait pas envisager positivement le fait de boire avec lui. Rien ne lui aurait autant plu que fuir cette horrible fête et, surtout, elle ne savait pas comment agir avec un cavalier, car elle avait toujours refusé toutes les invitations...sauf une, mais c'était si loin.

[HJ: Désolé pour le temps que ça m'a pris... Les prochaines fois, je ferai surement plus vite!! ^^]

Nathan ne regrettait pas son choix. Il avait du goût. Il était fier de pouvoir parader au bras d’Heather pour ce soir. Elle était vraiment magnifique. Elle avait noirci ses yeux assez intensément, mais cela lui allait bien. La couleur de ses iris, un vert pur, était mise en avantage par l’ombre de maquillage sombre qui entourait ses yeux. En fait, c’est sur quoi Nathan s’attarda. Il avait bien remarqué le rouge sur ses lèvres, ses cheveux faussement ébouriffés qui lui donnaient un air de tigresse, ainsi que la robe fabuleuse qui mettait en valeur le corps d’Heather. Il avait bien sur également remarqué le bustier de la robe et surtout la poitrine à l’intérieur, ainsi que le ruban de la même couleur que sa cravate et avait tout de suite pensé qu’il aimerait bien le défaire ce fichu ruban, mais tout cela était futile comparé à la beauté de ses yeux. C’était assez rare les hommes qui pouvait sincèrement être envoûtés par les yeux des femmes, mais Nathan en était un de ceux-là. Ce n’était pas pour tromper les apparences et ensuite pouvoir se concentrer sur autre chose, il avait toujours eu une fascination pour les yeux des femmes. Il trouvait que les yeux en disaient encore plus long sur la personnalité et le type de personne à qui il s’adressait que le corps ou l’habillement, c’est pourquoi il était aussi fasciné par les yeux de sa cavalière. D’autant plus qu’ils étaient verts et que le Sinclair préférait de loin les yeux verts, parce qu’il considérait que le bleu et le vert étaient des couleurs très bien assorties.

Lorsque Heather planta ses yeux si jolis dans ceux de Nathan, celui-ci fut parcouru d’un frisson. Il eut également une hallucination momentanée qui ne dura qu’une fraction de seconde. Nathan venait de voir devant lui le visage d’Elizabeth se superposer et finalement remplacer celui d’Heather, mais l’image était finalement redevenue la bonne, soit le visage d’Heather. Il ne comprenait pas trop pourquoi, mais il avait l’impression qu’il venait de se passer quelque chose d’important en lui, comme un déclic ou alors autre chose, mais il ne pouvait pas dire quoi pour l’instant. Il fut sorti de ses pensées par la voix de sa cavalière.

-Bonsoir, cher cavalier.
-Bonsoir, chère cavalière toute en beauté.

Nathan qui avait relevé un sourcil lorsqu’il avait remarqué ses yeux, lui sourit. Déjà que son sourire était énorme parce qu’il était sincèrement ravi de passer la soirée avec elle, il réussit à l’agrandir encore davantage. Lorsqu’il vit qu’elle tendait la main vers lui, il lui fit un clin d’œil et prit délicatement la main tendue dans la sienne. Il lui passa doucement le bracelet de fleurs, puis lui baisa la main tout doucement également. En fait, il y avait tellement de douceur dans tous ses gestes qu’il finit par s’en dégager une certaine sensualité. Cette scène, vue d’un oeil extérieur était assez osée, malgré le fait que tout cela ne soit finalement qu’un baise-main.

-Je suis ravie de passer Noël avec toi.
-Moi aussi ma jolie, moi aussi…

Il avait en effet tout pleins d’idées, toutes aussi saugrenues et perverses les unes que les autres, mettant en vedette Heather et lui-même, et il n’attendait que le bon moment pour les mettre en exécution. Nathan avait retrouvé son assurance de tombeur, il avait même oublié toute cette histoire triste avec l’ex femme de chambre et ne voulait que s’amuser. Décidément, il adorait Noël. Il entendait la musique, des rires et un brouhaha de paroles et commença à trouver qu’eux deux devraient se trouver à l’intérieur eux aussi. Étant donné que c’était lui l’homme, il devait prendre les devants, c’était normal.

-Dis, t’as soif? Je t’offre un verre!

Il lui fit un autre clin d’œil et prit le bras d’Heather pour le mettre dans le creux du sien, pour que leurs positions fassent bras dessus-bras dessous, puis il s’avance pour pousser la porte et ainsi leur permettre de faire une entrée remarquée. Considérant les autres robes et les autres habits qu’il avait vu, il savait qu’ils seraient les plus colorés et donc les plus voyants. Même le col de fourrure de l’autre énergumène ne pourrait rivaliser contre son habit blanc et toutes les autres robes n’avaient aucune chance contre la robe d’Heather, il en était convaincu. Son effet serait bœuf! Il sourit encore plus.

[HJ: *ffff* Non, je n’y crois pas…]

Christopher avait avancé négligemment, tout heureux et naïf, en essayant seulement de vivre le moment présent avec l’homme à tout faire qu’il aimait tant. Par contre, lorsque Viktor avait finalement posé son regard dans le sien, après que le réceptionniste l’ait retourné, Christopher avait commencé à se douter de quelque chose. En effet, il sentit que son interlocuteur n’était pas comme d’habitude, il y avait quelque chose qui clochait. Il manquait l’étincelle au fond des yeux de Viktor, cette étincelle qui l’avait séduit et fasciné lors de chacune de leurs rencontres. *À chaque fois un peu plus…* Il eut l’idée folle que ce n’était peut-être pas vraiment Viktor, mais sa raison le ramena vite sur Terre. *Pauvre imbécile, qui d’autre veut-tu que ça soit???* Christo ne pouvait détacher ses yeux de sur son interlocuteur. C’était bien lui, c’était bien Viktor. Cela ne pouvait être personne d’autre, surtout en considérant que c’était impossible de cloner quelqu’un, même de nos jours. Christopher devait se rendre à l’évidence, quelque chose était brisé chez son Viktor. Sans trop savoir pourquoi, il sentit les larmes monter à ses yeux. C’était instinctif, c’était comme si son corps lui envoyait le signal d’alarme, le signal de s’enfuir pour se protéger.

Le réceptionniste focussa plutôt sur la chaleur de la main de Viktor dans la sienne et il eut une rafale d’images et de souvenirs en tête. Un petit sourire nostalgique lui vint sur les lèvres et le rendit amer. C’était comme si le fait qu’il soit empli de nostalgie était un autre signe que quelque chose clochait, comme s’il prévoyait la fin de ce quelque chose qu’il y avait entre eux, alors que c’était tout le contraire de ce qu’il souhaitait. Christopher se serait frappé la tête contre le mur par trop de frustration, mais, à la place, il se contenta de baisser les yeux et de se reconcentrer sur la chaleur de la main. Cette chaleur lui rappelait que le corps de Viktor en entier était relativement chaud, ce qui le ramène donc automatiquement vers leur premier baiser. C’était si doux. Il y eut ensuite cette fameuse nuit dans la chambre de l’homme à tout faire, il en rêvait depuis si longtemps. C’était si magique. Christopher aurait voulu que ces moments ne s’arrêtent jamais… La voix de Viktor le fit changer d’idée.

-Eh bien...Je tenais à m'excuser...

Ces simples paroles auraient pu être inoffensives si Viktor n’avait pas tout de suite après retiré doucement sa main de dans celle du réceptionniste. C’est à se moment que Christopher commença ne pas se sentir bien et à s’affoler…

-Je sais que j'ai agi avec toi comme si c'était...euhm...sérieux, pour nous deux. Le fait est que...ce n'était pas le cas. Je suis désolé, mais je préférerais que tu ne me parles plus...

Christopher n’en croyait pas ses yeux, ni ses oreilles. *Ça ne peut pas être possible…* Il ne cessait de se répéter ses mots, pour se convaincre de leur véracité. Sous le coup du choc, il avait fait un pas en arrière et s’était légèrement recroquevillé sur lui-même. Il avait également de plus en plus de difficulté à respirer, la panique prenait de plus en plus le dessus, ce qui le faisait perdre les pédales. Il avait l’impression d’étouffer, comme si peu importe la grandeur de ses inspirations, il y avait quelqu’un pour les stopper net et donc les empêcher de se rendre jusqu’aux poumons. Il ne comprenait pas ce qui se passait et ne voulait surtout pas le comprendre. De toute façon, son cerveau ne fonctionnait plus réellement. Tout ce qu’il réussissait à faire était d’envoyer des signaux d’alarme pour qu’il recommence à respirer. Ces signaux étaient vains, Christo ne reprenait toujours pas le dessus sur lui-même. Même qu’il avait commencer à avoir de légers tremblements dans tout le corps, comme des spasmes, principalement dans les jambes. Lorsqu’il voulut relever le regard pour regarder les yeux de son Viktor et ainsi y trouver une faille, mais il ne le vit pas longtemps. Sa vue s’embrouilla, il comprit que c’était parce qu’il manquait d’oxygène à son cerveau. Il allait demander de l’aide lorsque l’homme à tout faire interrompit son élan.

-Tu deviens de plus en plus envahissant et...c'est pesant. Laisse-moi tranquille.
-Je ne comprends pas! Pourquoi tu m’as dit que tu m’aimais et pourquoi tu m’as fait l’amour si, au fond, ce n’était pas ce que tu voulais…?

La panique faisait peu à peu place à la colère. Les pièces du puzzle se mettaient en place et Christopher comprenait mieux la situation. Mieux la comprendre ne lui faisait pas mieux l’accepter, par contre. Il se sentait trahi dans cette histoire, il pouvait sentir le sang couler depuis la blessure de la lame du couteau qu’il avait désormais dans le dos. Il se sentait détruit, comme s’il ne parviendrait plus jamais à sourire ou même à aimer à nouveau. En fait, cette scène et toutes ces sensations lui rappelait le fameux jour où il avait appris pour son ex petit-copain et son frère. Il sentait de plus en plus la bombe sur le point d’exploser, mais cette fois, il ne ferait rien pour l’arrêter.

-Tu m’as utilisé? Tu t’es servi de moi? Non… tu as joué avec moi? Et avec mes sentiments? T’es qu’un écoeurant! Un salaud! Un pauvre con!

Plus il insultait l’homme à tout faire, plus il parlait fort. Tellement que les derniers ont été carrément hurlés. Heureusement pour lui, il n’y avait pas grand monde à proximité et le niveau de la musique a contribué au fait que seulement quelques personnes ont été témoins de cette scène assez triste. De plus, sous l’effet de la colère, Christo s’est approché de Viktor tout en l’insultant. À la fin de sa phrase, il s’élança et donna une gifle sur la joue droite de l’homme à tout faire. Comme si ce n’était pas encore assez, il continua de frapper l’autre jeune homme, mais cette fois-ci avec ses poings. Il lui frappait le torse avec l’énergie du désespoir. Il ne pleurait pas encore, mais la bombe était larguée, cela ne devrait plus tarder.

-Je ne veux plus jamais te parler ou même te voir de ma vie!

Tout en continuant à la frapper sur le torse, il réussi à finalement commencer à pleurer. Il les attendait, mais les redoutait à la fois. Il savait qu’une fois le barrage ouvert, il allait être difficile de finalement refermer les portes. Il finit par ne plus avoir assez d’énergie pour continuer de le frapper et voulant s’éviter une humiliation trop totale, il se retourna et commença à marcher au travers la foule. Il ne se retourna pas une fois en direction de celui qui venait de lui briser le cœur une fois de plus, une fois de trop. Il essayait de calmer ses pleurs, mais n’y parvenait pas. Il pensa qu’il devrait retourner au dortoir, mais se sentit soudainement tellement las qu’il perdit le courage de s’y rendre. *À partir de maintenant, je déteste littéralement Noël…* Christo finit par se trouver un endroit un peu plus calme, pas très loin du bar, où il se laissa glisser contre le mur, pour ensuite s’asseoir avec les genoux devant son visage et les bras autour de ses jambes pour continuer à pleurer tout son soûl sans déranger personne…

[HJ: Muuu... ]

Marek devait redoubler d'efforts quand il prenait la place d'une personne dont une autre était amoureuse. L'amour, s'il rend parfois aveugle, peut aussi nous ouvrir les yeux sur la vérité. Marek représentait très rarement la vérité. Quand il s'était transformé en Viktor, il avait veillé à ce que chaque détail soit d'une perfection extrême. Il s'était même entraîné, lorsqu'il avait des moments libres, à imiter les expressions, la démarche et les mouvement de l'homme à tout faire. Il ne pouvait laisser à Christo la possibilité de douter.

Quand Marek avait commencé à parler, il avait senti que Christo comprenait trop bien le sens que ses paroles allaient prendre. C'était trop facile pour être savoureux, finalement. Il avait crû qu'il y prendrait un certain plaisir, puisqu'il sentirait pleinement la chute de Viktor dans l'estime de celui qu'il désirait. Toutefois, la douleur de Christopher était trop puissante pour que le jeune homme puisse l'apprécier et en tirer de la satisfaction.

Christo fit un pas en arrière et Marek faillit en faire un pour combler la nouvelle distance qui s'était mise entre eux. Il avait besoin de le consoler du mal qu'il était en train de lui faire. Son esprit reprit pourtant le contrôle de son corps pour l'empêcher de commettre une erreur qui ferait rater tout son plan. Le traître de service assista donc à la crise qui envahissait son Christo adoré sans pouvoir l'aider. Il vit la tempête le secouer, le déluge le noyer et les vents l'écorcher sans faire un seul mouvement vers lui. Si Marek n'avait pas été aussi doué pour jouer des émotions qu'il n'éprouvait pas, il se serait probablement effondré sous la culpabilité qui l'étouffait de plus en plus.

Il était plutôt étrange que le jeune homme se sente si mal alors qu'au fond, son plan fonctionnait à merveille. Il avait tellement travaillé pour qu'il soit parfait et, au final, il l'était vraiment. Christopher en voudrait à vie à Viktor et ce dernier n'aurait aucune chance de pardon. De plus, même s'il y avait eu un risque que Christo accepte des excuses de son cher homme à tout faire, celui-ci n'aurait certainement pas envie de lui en présenter. Après ce que Marek lui avait dit en se faisant passer pour Christo, Viktor Graham ne voudrait plus rien savoir de lui. Marek l'avait laissé bien trop détruit pour qu'il puisse avoir envie de tenter quoi que ce soit pour retrouver Christopher. Tout était parfaitement calculé pour que les deux jeunes hommes ne s'aiment plus et se détestent de s'être trahis l'un l'autre. En théorie, il y avait eu quelques risques que Marek échoue. Viktor aurait pu sentir que son interlocuteur n'était pas Christo ou Christopher aurait pu trouver que Viktor agissait trop étrangement pour être lui-même. Toutefois, tout avait fonctionné presque trop parfaitement. C'était diaboliquement réussi.

-Je ne comprends pas! Pourquoi tu m’as dit que tu m’aimais et pourquoi tu m’as fait l’amour si, au fond, ce n’était pas ce que tu voulais…?

Outch...Pour un coup solide, l'annonce que Christo avait couché avec Viktor en était un vraiment dur pour Marek. Ainsi, ils s'étaient rendus jusque là? Christopher avait assez fait confiance à l'homme à tout faire pour...Marek aimait mieux ne pas y penser. Il se torturerait avec cette nouvelle information quand il n'aurait que cela à faire. Pour le moment, il devait se concentrer à ne pas tout faire planter alors qu'il était si près du but. Le trouble qui avait pris place dans son regard dura, au maximum, une seule seconde.

-Je...Je voulais juste coucher avec toi.

Trop facile? Peut-être. N'était-ce pas la réponse la plus logique et la plus dégoûtante à donner? Marek commençait à avoir drôlement hâte de s'éloigner de celui qu'il aimait. Lui faire du mal était intolérable, même si c'était nécessaire pour le garder avec lui. Il avait un peu peur que ses doutes transparaissent dans ses yeux. Christo ne devait pas voir la lutte qui prenait place en lui. Il aurait pu croire que Viktor n'était pas totalement honnête...Heureusement pour Marek, Christopher était tellement submergé de colère qu'il ne verrait certainement pas les subtiles nuances qui dansaient dans le regard de son interlocuteur.

-Tu m’as utilisé? Tu t’es servi de moi? Non… tu as joué avec moi? Et avec mes sentiments? T’es qu’un écoeurant! Un salaud! Un pauvre con!

Marek avait su, dès le début, que Christo ne serait pas du genre à prendre les aveux de Viktor de manière posée. Il avait espéré qu'il parte rager ou pleurer plus loin, mais il semblait que la crise de Christopher tomberait sur le coupable de l'heure. Il le méritait bien, après tout. Le faux homme à tout faire espérait que personne ne viendrait se mêler de leur petite scène de ménage. Les cris avaient ce don de susciter l'envie d'aider des âmes stupidement généreuses. Marek peinait déjà assez à gérer seulement Christo sans que quelqu'un d'autre vienne compliquer les choses.

Christopher s'était approché en parlant et Marek avait eu le réflexe de reculer jusqu'au mur, lequel n'était pas bien loin. Quand son interlocuteur l'avait giflé, le jeune homme avait accusé le coup en regardant au sol. Il le méritait. Il méritait bien pire. Son joli Christo s'était ensuite mis à lui frapper le torse de ses poings, ce qui était moyennement douloureux. Le corps de Viktor était beaucoup trop solide, endurci par le travail à l'auberge, pour que des coups du genre puissent réellement le blesser. Toutefois, la rage et la douleur de Christo transperçaient le coeur du jeune homme caché sous cette apparence.

-Je ne veux plus jamais te parler ou même te voir de ma vie!

Marek ne dit rien et il continua à s'imprégner des coups mérités qu'il recevait. Christo arrêta finalement de le frapper et il partit, loin de lui. Le jeune homme eut envie de courir derrière lui pour aller le consoler et s'excuser. Il pensa même à essayer de tout réparer entre lui et Viktor, mais il ne pouvait pas faire cela. La fin de la relation entre l'homme à tout faire et Christopher était le prix à payer pour que Marek puisse essayer d'avoir une existence normale, une vie où il ne serait pas toujours déchiré entre des envies contraires. Christo était sa solution et, s'il avait fallu lui briser le coeur pour l'obtenir, il ne lui restait qu'à l'aider à le réparer.

Le jeune homme au visage de Viktor Graham quitta donc son coin de salle pour se diriger vers la sortie. Il avait fait assez de dommages pour ce soir-là. Il était temps pour lui d'aller se rouler tranquillement en boule dans son lit en méditant comment il pourrait aider celui qu'il avait presque détruit.

[HJ: Jason, c'est à toi, mon chéri!]

J’essayais le plus habilement possible de me dissimuler derrière les gens afin d’échapper au regard d’Ilena. Sans vouloir être prétentieux, je savais trop que si elle me voyait, elle viendrait vers moi. Au fond de moi, j’étais complètement déboussolé. Ilena était une magnifique femme, séduisante et envoûtante…pourquoi elle s’accrochait à un loser comme moi !? Je ne me faisais pas d’illusion quand même, je sais très bien que cette résidante ne devait pas ressentir un sentiment amoureux envers moi. Je peux être con, mais pas tant que ça quand même. Ce que je ne comprenais pas pourquoi elle restait fixé sur moi alors qu’elle pourrait avoir n’importe quel homme facilement. Afin de me sortir de mes pensées, mes yeux décidèrent de me jouer un tour : l’espace d’un instant je crus voir Kylia au milieu de la foule. Je m’écarta alors rapidement de ma cachette pour finalement constater qu’il s’agissait d’une autre fille qui faisait juste ressembler à ma sœur. J’eus à peine le temps de me retourner que je vis immédiatement Ilena se diriger droit sur moi. Mon corps se figea sur place, je fus incapable de bouger ou de m’enfuir. En, à peine, deux minutes elle se tenait devant moi. Dans un sentiment de peur, je recula contre le mur…se fus une grave erreur, car Ilena se plaça pile devant moi de façon à m’empêcher de partir.

-Salut, mon joli. Tu as été plutôt...discret, depuis l'Halloween. Pas moyen de te voir. Je compte bien sur cette soirée pour t'aider à te détendre un peu...Et, heureusement, tu n'auras pas à surveiller ton adorable sœur : elle m'a dit qu'elle resterait tranquillement dans sa chambre.

-Euh…oui…c’est fort possible…j’étais très…occupé ces derniers temps...et………..qu’est-ce que vous venez de dire ?

Kylia ne sera pas là ?! Elle m’avait dit qu’elle viendrait ! Une idée me traversa alors la tête et alors une expression de colère contenue apparue sur mon visage.

*Si elle m’a menti juste pour aller voir son espèce de grand fendant ! Je la renvoie chez notre tante !…Non quand même c’est trop méchant.*

Je laissa tomber ma tête et poussa un bref soupire, dans le but de me calmer.

-Comme ça, Kylia ne sera pas là, murmurais-je plus à moi-même que pour Ilena.

-Tu vas pouvoir t'amuser librement...avec moi.

Je me redressa aussitôt et fixa Ilena avec des grands yeux. J’avala avec difficulté. C’est alors que l’ange se mit me caresser le cou d’une main.

-Bien sûr, seulement si tu en as envie...

À son contact, je deviens de la vraie guimauve et j’en frissonna. Une douce chaleur remplie mon corps en une fraction de seconde. Les yeux mi-clos, je laissais ma tête suivre le mouvement de la douce main d’Ilena. Je devais avoir l’air ridicule, mais je ne le remarqua que trop tard. Je redressa de nouveau ma tête dans un secouement et fixa alors Ilena droit dans les yeux (ok j’avoue que mon regard glissait de temps en temps sur ses…enfin !)

-Je…ne voudrais vous…encombrer, bégaye-je légèrement, je suis plutôt ennuyant comme compagnie…vous serez mieux diverti par quelqu’un d’autre… Pas que je ne vous pas être avec toi mais…

*Merde !!* me suis-je aussitôt dis, * J’aurais tellement dû dire ça !...je ne sais pas pourquoi, mais maintenant je ne pourrais plus y échapper *

Je détourna timidement mon regard d’Ilena.

-J’ai pas l’habitude d’être avec une……je suis nul là-dedans.

Oui je sais, c’est vraiment pas gagnant de dire à un canon qui ose t’approcher que t’es nul et que tu ne faux pas la peine, mais je tenais vraiment à être humilier et d’avoir l’air fou…pas devant Ilena.

(HJ : Lindsay chérie, tu me permets de dire que Lindsay tire Eli pour aller au bal, car c’est sûrement ça qu’elle ferait ^^)

Elizabeth poussa un long soupire de découragement alors que Lindsay la tirait vers salle de bal. L’ancienne femme de chambre avait osé espérer ce soir là dormir paisiblement dans sa chambre de résidente, mais apparemment cela ne figurait pas parmi les plans de son amie. Lindsay avait retondit dans sa chambre et l’avait brusquement sortit du lit. Elle tenait à ce que Eli aille au bal avec elle. La jeune serveuse avait donc entreprit de trouver une robe pour son amie et de la maquiller et de la coiffer. Lindsay était emballée et Elizabeth ennuyée. Aussi loin que sa mémoire lui permettait de se rappeler, la jeune femme avait rarement mis une toilette de soirée voir même jamais ! Elle ne se sentait pas à son aise. Pourtant sa robe lui allait à ravir : elle longue, souple et attaché dans le cou, d’un vert foncé presque sombre et son dos était à découvert. Vraiment, Lindsay s’était forcé pour elle. Sa coiffure était également ravissante : tous ses cheveux étaient remontés sur l’arrière de sa tête, il n’y avait seulement que deux minces couettes ondulées qui tombaient sur ses tempes et son toupet était peigné sur le côté. Elizabeth était resplendissante, même malgré son air peu entraînant. Elle décrocha plusieurs regards sur leur trajet vers la salle de bal, mais elle ne remarquait rien.

-Lindsay arrête, lui répéta Elizabeth, je t’ai déjà dit que je n’ai pas du tout envie d’aller à ce bal. Premièrement, c’est nul et deuxièment j’ai vraiment pas la tête à ça.

Elizabeth n’arrêtait de répéter la même chose à son amie depuis qu’elles avaient quitté sa chambre, cependant elle ne montrait pas de résistance physique…elle ne se sentait pas d’humeur à se battre avec la serveuse, mais elle espérait que son amie finisse par lâcher prise toute seule. L’ancienne femme de chambre savait que cela avait peu de chance d’arriver. Plus elle voyait la salle de bal s’approcher, plus ses craintes se concrétisaient. Elizabeth poussa un second soupire, la soirée allait être longue.

[HJ: Touch my body, put me on the floor...]

Vraiment, ce bijou était magnifique. Je n'aurais pu espérer meilleur cadeau et j'avais même vu une cliente de l'auberge le regarder avec une envie très mal dissimulée. Mon admirateur secret faisait de moi une vedette locale encore plus remarquée et j'en étais très fière. Il n'y avait rien de plus grisant que l'admiration générale. En fait, la simple attention que je tirais des gens me suffisait presque. J'aimais susciter les réactions et ne pas me sentir invisible. Je devais provoquer et aguicher. Toujours.

Durant les jours précédant le bal, je m'étais demandé ce qui arriverait s'il n'y avait aucun présent pour moi sous le grand sapin. La réponse s'était imposée d'elle-même: j'aurais l'air pathétique. Adieu l'image de la grande femme fatale qui ne laissait personne indifférent! Je serais devenue la pauvre délaissée qui n'a d'importance pour personne. Dans un tel cas, les regards dédaigneux que m'avaient lancé certaines filles, lorsque j'étais entrée dans la salle du bal, auraient eu un grand sens. Ils m'auraient fait sentir vieille, laide et insignifiante, si ce n'avait été que quelqu'un avait pensé à moi pour Noël. Heureusement, il y avait ce cadeau qui sauvait tout. J'en avais besoin. Je n'aurais pas pu survivre à cette soirée, aux regards des autres fêtards, sans mon précieux présent. J'avais bien fait attention à ce que tout ceux qui étaient autour de moi puissent le voir et savoir qu'il venait d'un admirateur secret. De plus, je l'exibais avec une expression de fierté mesurée tout en me dirigeant vers Darryl. Quiconque me verrait (et comment ne pas me remarquer, avec mes grandes ailes blanches!) se devrait de voir le bijou que je tenais.

-Euh…oui…c’est fort possible…j’étais très…occupé ces derniers temps...et………..qu’est-ce que vous venez de dire ?

Pauvre petit Darryl! Il était si bouleversé par la proximité de mon trop magnifique corps. Il n'arrivait même pas à s'exprimer correctement. C'était trop mignon! Et...Pensait-il vraiment que j'allais gober qu'il avait été très occupé? Je savais bien qu'il me fuyait et c'était là tout mon intérêt de le poursuivre. Il était la proie, j'étais la chasseuse. C'était le jeu et, ce soir-là, je le capturerais...

-Daaarryl... J'insistai, d'un ton las et sensuel, sur la première syllable de son nom. Je t'en prie, n'essaie pas de me faire croire que quelque chose t'a occupé au point de ne pas penser à moi...Je sais que tu n'as fait que ça depuis l'Halloween.

Bon, il fallait avouer que j'avais tout fait pour être dans ses pensées. Je crois vraiment que mon meilleur coup avait été de laisser des sous-vêtements dans ses affaires. Je me demandais bien à quel point mon mignon Darryl avait rougi en voyant le string en dentelle noire que j'avait glissé sous son oreiller... À en croire ce qu'on en disait (je suis bien informée des petits potins sur les gens!), le pauvre en avait presque suffoqué. Pauvre Darryl...Qu'est-ce que ce serait quand il verrait le minuscule string brillant que je portais ce soir-là?

-Comme ça, Kylia ne sera pas là.

Toujours elle! Non, mais il couchait avec elle ou quoi? Pourquoi ne pouvait-il pas penser à autre chose deux petites minutes? Elle n'était tout de même pas la seule femme dans l'univers! La preuve: une magnifique rousse ne demandait pas mieux que passer d'agréables moments avec lui depuis près de trois mois! Mais bon, qu'il se tape sa soeur ou non, ce n'était pas mon problème. De plus, avoir une rivale rendait le défi d'attirer Darryl dans mon lit encore plus alléchant.

Je réussis finalement à soutirer un frisson à ma proie. Il se laissait enfin aller! Peut-être que je finirais par l'avoir... Pendant un moment, j'eus l'impression de resserrer mes filets autour de lui. Puis, il ouvrit les yeux que je lui avais faits fermer et il sembla alors ne plus m'appartenir autant.

-Je…ne voudrais vous…encombrer, je suis plutôt ennuyant comme compagnie…vous serez mieux divertie par quelqu’un d’autre… Pas que je ne vous pas être avec toi mais…J’ai pas l’habitude d’être avec une……je suis nul là-dedans.

Il se moquait de moi. Il avait une camera, quelque part sur ses vêtements, et il me filmait pour se repasser la séquence et rire. Autrement, pourquoi aurait-il été aussi ridicule? Je ne pouvais pas avoir passé deux mois à lui courir après pour finalement, après une réplique aussi minable, partir en le plantant là. Il serait bien trop heureux de s'être joué de moi. J'étais déçue, car je sentais les flammes de la colère illuminer désagréablement mon regard. Je fermai les yeux, l'espace de trois secondes, histoire de me calmer et de ne pas lui cracher ma rage au visage, telle une dragonne rousse.

-Mon très cher Darryl, j'aimerais que tu cesses tout de suite ce petit jeu, d'accord? Je sais bien mieux que toi ce dont j'ai envie. Je suis une grande grande fille et je peux assumer si jamais je passe un temps désagréable avec toi. Tu n'as pas à t'en faire pour moi.

Ma voix avait été des plus mielleuses et la frustration s'était poussée de mon regard. Doucement, je me penchai dans le cou de Darryl pour murmurer tout en soufflant contre sa peau.

-Pour le moment, ce que je veux, et je crois que tu le devines bien, c'est toi.

Je déposai un bref mais sensuel baiser dans le cou du jeune homme et j'éloignai mon visage de son cou pour aller le poster juste devant le sien. À seulement quelques centimètres de son visage, le corps plaqué contre le sien, je plantai mon regard dans le sien. Une lueur de défi devait y briller. J'espérais seulement ne pas aveugler mon petit Darryl.

-Alors, tu me suis à ma chambre ou tu restes ici, à commencer le reste de ta vie à te dire que tu as manqué ta plus belle chance?

Je reculai un peu mon visage tout en éloignant mon corps. Je voulais le laisser respirer un peu. S'il manquait d'oxygène, il pourrait prendre la mauvaise décision...Et je ne pouvais pas le laisser partir. Je ne pouvais pas être seule...pas encore...