Enfantement antérieure (P.V : ma charmante Claire )

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Depuis les terribles évènements avec Mélivara, Elizabeth avait beaucoup de mal à trouver le sommeil. Les dernières révélations de son tuteur Charles la troublait également, c'était par rapport à ses visions étrange lié à une famille d'une autre époque. Dans son lit, la femme de chambre secoua la tête.

*Vraiment...c'est impossible toute cette histoire...moi...je viendrais du 19e siècle...Charles est tombé sur la tête.*

La jeune femme fixa l'une des fenêtres du dortoir, celle à gauche de son lit. La nuit était arrivé beaucoup trop vite, cependant...elle était très belle. Aucune pluie, aucun vent trop violent, seulement de faibles et doux bruits nocturnes parvenaient aux oreilles d'Eli. Après quelques instants, sa vue commença à s'en brouiller et ses paupières se fermaient lourdement. La jeune femme fut étonnée de s'endormir aussi brusquement, elle qui ne dormait pas beaucoup depuis ces derniers temps et lorsqu'elle y arrivait, elle cauchemardait. Ce fut pour cette raison que Elizabeth tenta vainement de résister à l'envoûtant voile de sommeil qui l'enveloppa doucement. Cela ne prit pas plus que deux minutes et la femme de chambre s'enfonça dans le monde des rêves.

À peine avait-elle fermé les yeux, Elizabeth sentit brusquement une insupportable douleur au ventre. La jeune femme se tortillait dans son lit, se recroquevilla dans tout les sens. De faibles plaintes s'échappèrent de la bouche de la jeune femme de chambre. Quelle était cette étrange douleur ? Elle n'avait jamais rien sentit de tel ! Pourtant, en se mettant au lit, la jeune femme se portait bien (physiquement, on s'entend). Le mal persista encore quelque minutes, minutes qui parurent interminable pour Eli.

*Qu'est-ce que c'était ??!! *

Instinctivement, Elizabeth porta une main à son ventre. Elle eut l'impression de sentir quelque chose bouger.

*Quoi !!?? Qu'est-ce que...*

Une nouvelle douleur frappa Elizabeth. Vivement secouée par cette inexplicable souffrance, la jeune femme ouvrit les yeux. Malgré le désagrément de sa douleur au ventre, la femme de chambre resta estomaquée devant ce qu'elle voyait : elle n'était plus dans le dortoir. Elle était couché dans un majestueux lit victorien dans une chambre à couché grande et riche...et qui avait également un style archaïque. Elizabeth soupira.

-Pitié...ma encore une autre vision...

Le mal de la jeune femme redoubla de force, tellement que Eli se redressa ans son lit en poussant un cri. Dans sa position assise, elle remarqua soudaine son ventre...il était gros et bien rond. La pauvre femme sentit la panique monter en elle.

-Qu'est-ce que c'est !!??

Elle sentit alors comme un coup dans son ventre ce qui la fit poussé un second hurlement. Des gouttes de sueur perlaient son visage et sa respiration était saccadée, elle avait l'impression d'étouffer. Elizabeth n'eut pas le temps de se poser d'autre questions, que deux jeunes filles firent leur entré dans la chambre. Toutes deux étaient vêtu de longues robes, avec un tablier et un bonnet frisés sur la tête. L'une avait de minces cheveux bruns raides qui sortaient de son bonnet et semblait également être l'aînée des deux. Cette même jeune fille s'approcha d'Elizabeth et toucha à son ventre.

-L'enfantement a commencé, dit-elle.

Paniquée, Elizabeth repoussa les mains de la jeune servante et fit un mouvement comme pour s'en aller. Ça lui causa une autre douleur.

-Calmez-vous madame, lui dit alors la jeune servante, restez couchée.

Elle se tourna alors vers sa collègue, une jeune fille aux longs cheveux blonds bouclés.

-Mary ! Va cherchez de l'eau chaude et les linges humides...et va chercher Janet, la sage-femme !

-Oui Ann !

La petite blonde disparue derrière la porte. Elizabeth se tourna vers cette «Ann».

-Qui est-vous ? Qu'est-ce qui m'arrive ?!

Ann ne semblait pas entendre es mots de la femme de chambre, elle continuait à placer le lit afin que Eli soit confortablement bien assisse.

Si quelqu'un serait entré dans le dortoir des employés femmes à ce moment, cette personne aurait vu Elizabeth assisse dans son lit, les yeux fermés et le souffle saccadé.

Claire était heureuse que sa journée soit enfin terminée. Elle s'était levée tôt le matin, parce qu'elle était la seule que Cybelle avait décidé de déranger ce matin, avant même que le soleil ne se lève. En effet, sa supérieure avait eu un instant de pure logique et lui avait demandé de passer l'aspirateur partout dans la salle de réception, puis dans la salle à manger du restaurant... Notons bien que toutes deux étaient très propres, mais il arrive souvent des caprices aux gens (*Surtout à Cybelle*) et cette fois, c'était Claire qui avait payé. Elle avait donc dû commencer sa journée trois heures d'avance, pour pouvoir continuer ses autres tâches normalement après avoir terminé cette tâche supplémentaire du jour. Il était désormais tard, du moins pour la femme et elle en avait assez. Elle sortait de la douche, elle était en pyjama sous un peignoir et venait de se laver les cheveux. Elle n'avait qu'une envie, c'était de se coucher et d'enfin dormir.

Elle entra donc dans le dortoir en pensant qu,elle y serait seule, compte-tenu de l'heure tardive, et s'épongeait les cheveux avec sa serviette en marchant vers son lit. Pour ce faire, elle devait passer devant une majorité des lits, puisque le sien était vers le fond de la pièce. Elle n'avait pas remarqué avant, puisqu'elle avait la tête baissée, mais lorsqu'elle passa à la hauteur du lit d'une de ses collègues, elle se figea. Elle émettait de drôles de sons et Claire prit peur. En effet, si on ne regardait pas, Elizabeth avait l'air d'être en train de mourir. Lorsque Claire releva la tête en se débarrassant de sa serviette, elle vit qu'Elizabeth était assise dans son lit, toute en sueurs et avait de la difficulté à respirer. Sans attendre plus longtemps pour voir ce qui lui arrivait, contrairement à ce que font les personnages dans les films, Clair s'approcha vivement d'Elizabeth et lui toucha le front. Il était brûlant. Elle lui caressa le dos et les cheveux, ne sachant pas trop quoi faire. *C'est bien beau ton âme généreuse, mais ce n'est pas tout que de la flatter, tu vois bien qu'elle souffre!* Claire pensa immédiatement à un sort magique. Quelqu'un devait être entrain de torturer magiquement sa collègue de travail. Elle n,avait aucune idée de ce qu'elle devait faire pour aider la jeune femme. Elle fit ce qui lui semblait le mieux dans les cas d'urgences:

-Madame Elizabeth... est-ce que ça va? M'entendez-vous? Êtes-vous capable de parler?

Claire soupira et se passa une main dans le visage. Elizabeth ne lui répondait pas, tout ce qu'elle faisait c'était de pousser des hurlements. Claire s'inquiètait de plus en plus pour le cas de sa collègue.

-Madame Elizabeth... ne vous inquiètez pas... je suis là... tout va bien aller...

Claire prit Elizabeth dans ses bras, de la même manière qu'elle aurait pris son fils après qu'il eut fait un cauchemar. Elle la berçait doucement contre sa poitrine et chantonnait, ne sachant quoi faire d'autre...

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Elizabeth était interdite, à la fois assisse et allongée dans le lit. Les douleurs au ventre de la femme de chambre avaient diminué d’intensité, mais restaient toujours présentes. La servante, Ann, était aux côtés d’Eli et lui épongeait le front d’une serviette humide. La jeune femme ne comprenais rien de ce qui se passait. Il était évident qu’elle était en plein milieu d’une vision, mais auparavant ses visions ne lui avait jamais fait aussi mal !

*Ce n’est pas possible !…il doit bien y avoir une explication…*

Alors qu’Elizabeth paniquait intérieurement, elle vit la jeune Ann étirer un timide sourire.

-Monsieur votre mari sera ravi d’apprendre que son enfant est sur le point d’arriver.
La femme de chambre se tourna brusquement vers la jeune fille.

* Qu’est-ce qu’elle dit cette idiote !!!? Mon mari ???? Un enfant ?? *

Soudainement, tout s’éclaircissa dans la tête d’Eli. Toutes ses anciennes visions prirent alors une suite logique. Lors de sa première vision, le jeune femme se souvenait d’avoir vu une famille du 19e siècle pique-niquer. Elle n’avait pas pu voir le visage de la femme, la «mère». Les paroles de Charles se mirent alors à lui résonner dans la tête. Il lui avait dit qu’elle venait du 19e siècle et qu’elle avait dût traverser une fissure spatio-temporel. Voilà pourquoi elle aurait atterrit près de l’Auberge et qu’elle était amnésique.

*Ça serait donc vrai ?…Toutes mes visions…seraient des moments de ma vie au 19e siècle et cette femme dont se pouvait jamais voir le visage…c’était moi… *

La jeune femme comprit aussi que le petit garçon qu’elle avait vu courir et s’amuser avec son père…était son fils…ce fils qu’elle devait être entrain de mettre au monde en ce moment. La douleur reprit alors avec beaucoup plus de force. Elizabeth poussa un nouveau cri de douleur déchirant.

-D’ACOORD ! hurla-t-elle, je le crois maintenant ! C’est moi et c’est ma vie ! Mais pitié ! Arrêté cette vision ! J’en peux plus !!!!!!!!!!

À ce moment là, une femme entra dans la chambre et se dirigea droit vers Eli. Cette femme était beaucoup plus vieille que les deux autres servantes, et semblait être très compétente. Ann s’écarta pour laisser la place à la nouvelle arrivée.

-Janet ! Il était temps…je crois que là ça y est ! Le travaille commence.

-Non ! hurla de nouveau Eli, laissez-moi tranquille ! Je veux pas ! Ça fait trop mal !!!!

Celle qu’on appela Janet fit un signe de tête à Ann.

-Allez à l’extérieur, monsieur est inquiet d’entendre madame hurler.

*Toi aussi à ma place tu hurlerais espèce de…*

La pauvre femme hurla de nouveau, son ventre lui faisait atrocement mal. Elle pouvait sentir un petit quelque chose qui poussait dans le bas de son ventre. La respiration de la jeune femme lui faisait de plus en plus mal, les larmes lui vinrent même aux yeux. C’est à ce moment là que Janet vient se placer près d’elle et la prit dans ses bras. Pendant qu’elle la perçait, avec une douceur maternel, elle dit calmement :

-Madame Elizabeth... ne vous inquiètez pas... je suis là... tout va bien aller...

Elizabeth eut l’étrange impression d’entendre une voix familière. Cela n’enleva pas la douleur, mais Eli se sentit beaucoup plus calme et en sécurité. Ses yeux ne purent retenir ses larmes, la jeune femme serra la main de la servante et murmura :

-J’ai…peur. Je veux pas vivre un accouchement…ou revivre. Argh ! Ça devient mêlant…et ça fait trop mal….j’y arriverais pas.

La jeune femme de chambre n’eut pas le temps de souffler que «son fils» lui affligea une seconde poussée.

-Arrgh ! En plus, il est impatient !!!

Le plus calmement qu’elle le pouvait, Elizabeth se mit à respirer profondément et saccadé.

-D’ACCORD ! Je le crois maintenant ! C’est moi et c’est ma vie ! Mais pitié… Arrêtez cette vision ! J’en peux plus !!!!!!!!!!

Claire avait sursauté lorsque les cris d’Elizabeth avaient retentit dans le dortoir. Elle chantonnait et était donc un peu dans une autre dimension, elle aussi, à sa manière. Elle ne s’attendait pas à ce genre de réaction. Cela la troubla beaucoup. De plus, elle eut beau chercher, elle ne réussissait pas à comprendre de quoi parlait la femme de ménage. *La vie de qui d’autre cela pouvait être… ?* Pour Claire, qui connaissait l’existence de la magie sans y avoir déjà eu un contact, toutes ces notions dont avait parlé Elizabeth étaient carrément du chinois. Elle ne savait pas quoi faire pour l’aider, elle continua donc à simplement la bercer en caressant ses cheveux.

-J’ai…peur. Je veux pas vivre un accouchement ou même le revivre. Argh ! Ça devient mêlant et ça fait trop mal….j’y arriverais pas…

Claire commençait à mettre un peu d’ordre dans toute cette histoire. Ce n’était pas du tout évident, mais si elle se fiait à tout ce qu’elle venait d’entendre, elle était capable de reconstruire le casse-tête que venait de lui fournir sa collègue de travail. Celle-ci était donc prise dans une espèce de transe qui l’a catapultée dans une autre dimension, à une autre époque, pour vivre une autre vie. Par contre, son corps physique dans la dimension réelle, ressentait et disait exactement les mêmes choses que dans l’autre dimensions. Dans cette dite vie, elle y est enceinte et est sur le point d’accoucher. C’est d’ailleurs ce moment qu’elle est entrain de revivre. Donc, pour l’aider, il faudrait que Claire l’assiste dans cette étape de sa vie et lui serve de sage-femme. *Mais c’est ridicule !* Les cris, les plaintes, les gémissements, les sueurs froides et les pleurs eurent tôt fait de convaincre Claire de ce qu’elle devait faire pour aider son amie.

Comme elle se levait et se mettait face à la jeune femme, Claire eut une vague soudaine de peine. Elle sentit les larmes monter et même commencer à rouler à une vitesse fulgurante. Elle réalisa peu après la cause de cette tristesse. Elle avait inconsciemment vécu à nouveau le moment où c’était elle qui était sur le lit entrain d’agoniser pour faire sortir de son utérus un petit être empli de promesses de vie et de joie. Cela lui avait donc rappelé par le fait même que les promesses n’avaient pas été tenues, encore une fois. Elle tenta tant bien que mal de refouler ses larmes, mais plus elle tentait de le faire, plus celles-ci sortaient allégrement pour s’écouler sur ses joues. C’est donc en pleurs qu’elle mit une main sur la cuisse d’Elizabeth et l’autre près d’où sortirait la tête du bébé selon ses approximations.

-Je sais que c’est douloureux, mais tu dois pousser ma belle… Pousse autant que tu as mal en ce moment... Pousse autant que tu as envie de voir son petit visage et de le serrer dans tes bras...

Claire n’était pas convaincue de l’effet que cela aurait sur l’évènement, mais ne pouvait plus reculer. Elle continuait de pleurer et toutes ses phrases avaient été entrecoupées de sanglots violents…

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La douleur commençait à embrouiller le vue d’Elizabeth. Sa tête lui tournait et elle avait atrocement mal.

*Si jamais j’en entends une dire qu’accoucher c’est agréable ! Je l’étrangle !! *

La servante nommée Janet quitta Eli au court moment pour aller se placer devant elle. Elle plaça ses mains de façon à bien recevoir le bébé.

-Je sais que c’est douloureux, mais vous devez pousser madame…

-Ça fait trop mal !!

-Poussez autant que tu as mal en ce moment...

-C’est impossible !!

-Poussez autant que vous avez envie de voir son petit visage et de le serrer dans vos bras...

Elizabeth cessa de crier soudainement, la dernière phrase de la sage-femme résonna dans sa tête comme une cloche d’église.

-…voir son petit visage…serrer dans mes bras…murmura faiblement la pauvre femme.

Depuis le début de sa vision, Eli percevait ses douleurs comme un mal qui était pris à l’intérieur d’elle et la seule chose qu’elle voulait c’était qu’il sorte et peu lui importait ce qui pouvait arriver à ce «mal» par la suite. Elle avait complètement oublié qu’il s’agissait d’un enfant, le sien. À ce moment-là, la femme de chambre comprit que cette pensée était égoïste et ignoble. De faibles larmes se mirent à couler sur les joues de la jeune femme. Elle venait de comprendre une chose horrible…

*C’est ce que j’ai pensé…la première fois que j’ai accouché (sans être dans une vision)…c’est à ça que j’ai pensé. Je ne voulais pas d’enfants...*

D’une main tremblante, elle caressa timidement son ventre (qui pour elle dans sa version était gros).

*Je ne voulais pas de lui…*

Elizabeth ne comprenait pas pourquoi, mais le fait de découvrir qu’elle était une mère indigne et indifférente l’attrista profondément. Elle se rappela des ses autres visions : le pique-nique familial et à sa première rencontre avec Lindsay, ces fois-là elle avait vu un petit garçon tout souriant et joyeux qui tournait sans cesse autour de sa mère espérant recevoir de l’attention…mais que jamais elle l’avait regardé.

*Ce garçon était mon fils…*

Eli pencha son regard de nouveau vers son ventre.

-C’est mon fils…, murmura-t-elle pour elle-même.

Et la mère indifférente, c’était elle. Elizabeth refoula encore une fois ses larmes.

*C’est dégueulasse! J’étais dégueulasse! *

Déterminée, la jeune femme redressa la tête et se mit à pousser. Elle fit comme Janet le lui avait dit, elle poussait autant que ça lui faisait mal. Les cris, qui suivaient, étaient de plus en plus libérateurs pour la jeune «mère». Cette première expérience, elle l’avait gâché à son époque d’origine et maintenant qu’elle avait la chance (façon de dire ! ) de revivre ce moment, elle allait la vivre pleinement. De plus, Eli était une femme forte et têtue, il n’y avait donc pas de raison qu’elle se laisse aussi facilement submerger par la douleur et la difficulté. Elle poussa donc à chaque coup donné (par le bébé).

*On dirait que c’est lui qui me dit quand c’est le moment de pousser* souria Eli.

Elizabeth regarda Janet, en face d’elle.

-Restez avec moi, je n’y arriverais pas sans vous.

Claire avait eu un peu peur lorsque la jeune femme devant elle avait soudainement cessé de crier. Elle ne savait pas ce qui venait de se passer, encore moins pourquoi ce silence soudain. La femme de ménage se demanda même s’il pouvait être possible de perdre conscience les yeux ouverts, l’idée lui vient même que peut-être la jeune femme était morte. Heureusement, sa collègue de travail ne mit pas beaucoup de temps avant de recommencer à parler. C’était un murmure des plus subtils, on aurait même pu croire que ce n’étais qu’un souffle, mais Claire reconnu sur les lèvres de la jeune femme l’articulation de certains mots, sans pour autant être en mesure de tous les identifier. Claire ne savait pas trop quoi faire, elle avait beau pousser au maximum son imagination, elle n’arrivait pas à voir le ventre de son interlocutrice. C’était donc difficile pour elle de savoir exactement quoi faire. En plus, même si elle pensait, avant cet évènement, s’en rappeler exactement, son accouchement était relativement loin derrière elle. Elle ne se souvenait donc plus d’absolument toutes les étapes et toutes les techniques. Elle faisait de son mieux, mais elle avait tout de même l’impression que ce mieux n’était pas assez et cela l’attristait. Elle aurait tellement aimé pouvoir aider son amie d’une manière significative, alors qu’en ce moment c’était bien tout le contraire qu’elle faisait.

Elizabeth semblait soudain très émue, comme si elle venait de prendre clairement conscience qu’elle était enceinte et entrain d’Accoucher dans une autre réalité, mais dans cette réalité en même temps. Sa collègue de travail caressa si tendrement son ventre que Claire en eut elle-même les larmes aux yeux. Ce geste était si naturel, pur et touchant que cela vient prendre Claire directement au cœur. Cela lui faisait du bien et du mal à la fois. La vision de la mère caressant son enfant de qui elle était séparée par quelques centimètres de peau seulement était vraiment merveilleux. Malheureusement, cela replongeait inévitablement Claire dans ses souvenirs à elle. Elle se revoyait donc elle-même avec la progression de l’ampleur de son ventre. Elle était vraiment énorme à la fin, comme si son fils allait peser deux tonnes, alors qu’il avait été si petit lors de sa sortie. Claire se remémora également tous les moments passés dans son lit ou sur le divan à caresser son fils, à le bercer, à lui chanter des chansons, à le sentir bouger, seule ou avec son mari… Cela lui fit mal, atrocement. Un poignard en plein cœur. C’était horrible à vivre pour elle. Ces deux personnes lui manquaient tellement, c’était invivable. Il ne passait pas une seule journée sans qu’elle ne pense à eux, ils étaient son univers. Un univers écroulé, en ruines. Un univers qui ne serait plus jamais le même. Parce que Claire ne pouvait pas changer le passé. Parce que Claire ne pouvait pas les faire revenir. Chaque fois qu’elle s’en souvenait, cela faisait encore plus mal. Le choc de la perte, la douleur de l’abandon, ce n’était rien comme se souvenir de leurs absences. Le vide de leurs présences était pire que tout… Claire était sur le point de se remettre à pleurer lorsque sa collègue parla à nouveau, avec un ton de voix un peu plus normal cette fois, mais Claire comprit qu’Elizabeth s’adressait plus à elle-même qu’elle ne voulait faire la conversation.

-C’est mon fils…

Suite à quoi Elizabeth se mit à pousser avec une énergie et une détermination qui n’étaient pas présentes il y a quelques instants encore. Claire ne réalisait pas que sa collègue mettait en pratique les conseils qu’elle lui avait donnés. En fait, elle ne savait même pas qu’Elizabeth l’avait entendue. Instinctivement, Claire encouragea donc la jeune femme à continuer de pousser et en lui montrant comment bien respirer. Au bout d’un temps, Elizabeth fixa son regard dans celui de Claire, ce qui la figea d’effroi l’espace d’un instant. Il y avait tellement de détermination, de force, d’entêtement et de joie dans ce regard à la fois, c’est ce qui avait effrayé la femme de ménage.

-Restez avec moi, je n’y arriverais pas sans vous.
-Ne t’inquiètes pas, je resterai… De toute façon, je n’ai rien d’autre à faire…

La première partie de la réponse avait été adressé directement à Elizabeth, la deuxième partie avait été plus une blague que Claire se faisait à elle-même, comme bien d’autres, elle était la seule à les trouver drôle, avec juste ce qu’il fallait de sarcasme et de vérité. Claire sourit donc gentiment à la jeune femme et alla récupérer la serviette qu’elle avait lancée un peu plus loin au tout début de cette scène. Elle prit un des coins encore secs de la serviette et épongea le visage et le cou de sa collègue, tout en continuant de l’encourager à pousser et en lui montrant la bonne respiration. Claire ne savait pas du tout comment elles allaient s’en sortir. Un accouchement pouvait durer des heures, mais elle ne pourrait pas rester éternellement au chevet de la jeune femme, elle travaillait demain et recevrait les co0ups-bas de Cybelle si elle n’était pas assez efficace à son goût. En même temps, elle ne pouvait pas laisser Elizabeth ainsi... Claire ne savait tout simplement plus quoi faire ou penser…

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Jamais Elizabeth n'avait eu aussi mal de sa vie, mais jamais de sa vie elle n'avait été aussi déterminée à finir une tâche commencée. Elle avait perdu la notion du temps, tout ce qu'elle faisait c'était de pousser et crier. Janet lui épongeait le visage et le cou et ne cessait de l'encourager. La présence de la sage-femme rassurait énormément Eli. Elle se sentait bien entouré et cela l'aidait plus que tout. À un certain moment, la jeune «mère» fit une des deux jeunes servantes revenir dans la chambre. Janet restait à ses côtés alors que la jeune Anne se tenait prête à recevoir le bébé. Les dernières poussées furent les plus longues et les plus intenses, les cris d'Elizabeth ressemblaient de plus en plus à des cris de guerrière déterminée. Soudain, la jeune femme en transe entendit la jeune Ann dire toute joyeuse.

-Il arrive madame ! Je vois sa tête !...Ses épaules ! Continuez !

Elizabeth agrippa Janet par les mains et la regarda existé, un sourire radieux et fatigué à la fois sur son visage.

-Il arrive ! C'est presque fini...j'ai hâte.

Sa dernière phrase surpris beaucoup Elizabeth, mais c'était l'émotion sincère qu'elle ressentait au fond d'elle. Elle se mit donc à pousser avec beaucoup plus d'ardeur.

-Il est presque sortit ! Continuez madame !

Elizabeth commença à avoir la vision s'embrouiller et se sentit étourdit. Elle se tena après Janet et repris son travail plus faiblement mais efficacement. Bien vite, elle entendit des petits pleures et cris. La jeune femme souria malgré la douleur.

-Il va bien ?

-Oui madame, lui répondit joyeusement Ann, vous avez le plus beau bébé du monde et en bonne santé.

Elizabeth se laissa aussitôt sa tête tombée sur son oreiller, la respiration saccadé, mais le même sourire aux lèvres. La nouvelle mère se redressa légèrement et tendit les bras vers la servante qui tenait un petit paquet dans ses bras.

-Donne-le-moi s'il vous plait.

La jeune servante sourit et lui tendit le paquet de couverture.

-Voilà madame...votre fils.

Elizabeth prit le bébé dans ses bras et se mit à le bercer doucement. Elle était fatiguée, morte d'épuisement, mais elle regarda le visage de son enfant et trouva que cela fallait la peine.

*C'est horrible l'accouchement...mais le résultat est pas mal...*

Eli souria de nouveau et serra son fils contre elle.

Dans la réalité, Elizabeth resta un court moment avec «son fils» dans ses bras avant de doucement s'assoupir avec un sourire paisible sur le visage et le paquet de couverture (qui représentait son fils) se tenait à côté. Elle le tenait contre elle. Avant de quitté pour le monde du sommeil, Elizabeth prit la main de Claire (pour elle c'était celle de Janet) et murmura doucement.

-Merci...

Elle s'endormit.

(HJ : Finit pour moi, à toi la conclusion ma belle Claire )

Claire paniquait de plus en plus. Elizabeth, elle, était de plus en plus haletante et brûlante. Ce n'était rien cependant en comparaison à comment elle transpirait et à combien elle semblait souffrir. Claire avait l'impression qu'il se passait vraiment quelque chose dans le ventre de la femme de chambre. Elle avait d'ailleurs peur que quelque chose ne sorte réellement des entrailles ou encore que ces dites entrailles n'explose tout à coup, envoyant valser tout l'intérieur de son amie dans son visage. Plongée dans ces pensées morbides et angoissantes, Claire sursauta lorsque sa collègue lui agrippa la main.

-Il arrive ! C'est presque fini...j'ai hâte.
-...Continuez... poussez... il est presque là...

Claire avait parlé d'une voix faible, presque morte. Elle était complètement dépassée. Elle n'avait pas l'impression de vivre comme dans un film parce que même dans un film de science-fiction, l'action y était moins surréaliste. Elle avait bien hâte que son interlocutrice revienne à elle et lui explique la situation.

-Il va bien?
-Quoi? Qui?

Claire ne comprenait rien. Il n'y avait personne d'autre près d'elles et réveillé et il y avait encore moins d'homme dans ce dortoir réservé aux employées féminines de l'Auberge. Claire fit un tour complet sur elle-même pour être bien certaine qu'il n'y avait qu'elle auprès D'elizabeth. Lorsqu'elle revint face à sa collègue, cette dernière était retombée sur son oreiller, l'air serein et satisfait, les bras placés comme si elle tenait un bébé dans ses bras. Elle les balançait comme pour le bercer et avait un sourire attendri, ce qui sidérait Claire. Elizabeth, tout en tenant ''son enfant'' contre elle, prit la main de Claire et la remercia pour s'endormir presqu'aussitôt ensuite.

-Mais... merci pourquoi? Et... c'était quoi ça?

Claire attendit plusieurs minutes une réponse qui ne vint jamais. Elle épongea le front de son amie, la borda correctement et se dirigea vers son propre lit, avec les sourcils froncés. Une fois couchée sur le dos, Claire ne trouvait pas le sommeil, elle était trop perturbée par ce qui venait de se produire. Elle était aussi quelque peu fâchée contre Elizabeth. Claire considérait que c'était irrespectueux de ne même pas répondre à ses questions. Elle aurait voulu tout savoir, elle aurait voulu ne pas avoir peur pour la santé d'Elizabeth.

Elle prit finalement quelques bonnes respirations pour se calmer et se tourna sur le côté. *Finalement, je ne suis pas la seule à être complètement folle ici...*

» Claire Delorme