Pure cohincidence...? [Heather ♥]

[Je n'ai trouvé nulle part à quel étage tu étais donc, si ce n'est pas au 4e étage, dit-le moi et je changerai le sujet de place Razz

]

Je ne peux expliquer comment je me suis retrouvée prise dans cette histoire. Après tout, rares sont les gens qui tiennent à se retrouver dans ce genre de situation. Il faut croire que j'avais ce don d'être attirée par les histoire tordues et compliquée, et puis je dois avouer être heureuse d'avoir découvert une personne aussi merveilleuse, à travers cette aventure. Tout a commencé par hasard, alors que je me trouvais au restaurant de l'auberge et que je mangeais tranquilement. J'étais seule alors tout en mangeant, je ne pouvais m'empêcher d'entendre des brides de conversations venant des autres tables. J'avais une assez bonne ouïe alors lorsque certaines paroles attirèrent d'avantage mon attention, je ne pus m'empêcher de continuer à écouter ce que les deux hommes disaient. C'était ce nom... il me disait quelque chose. Je l'avais vu quelque part.

-Tu as entendu parler de ce qui est arrivé au Lord Mc Keeney?

Mc Keeney... où avais-je entendu ce nom qui m'était plutôt familier? Il est vrai que je vois passer plusieurs noms, étant propriétaire d'une auberge. Mais pourtant, je n'avais pas l'habitude de remarquer le nom des gens qui y vivaient. Cela expliquait d'ailleurs pourquoi je n'avais jamais entendu parler de Matt Wallace avant juin dernier alors qu'il avait aménagé un mois après mon arrivée. C'était peut-être ce qui avait déclanché quelque chose en moi qui s'était mis à enregistrer des noms inutiles dans mon subconscient. N'empêche, j'tais incapable de penser à autre chose qu'à trouver où j'avais vu ce nom.

-Oui, répondit l'autre homme, Sa mort n'a pas fait trop de bruit, il faut croire que la famille ne veut pas trop de scandale... surtout que sa mort cohincide avec la disparition de leur fille.

L'aurais-je lu dans un journal? Impossible... selon les dires de l'homme, la nouvelle ne semblait pas avoir été mise au grand jour et en plus, je ne lisais jamais le journal. Étant isolée du reste du monde, dans mon auberge, je préférais me couper des drames de ce monde. J'en avais assez des miens de ceus des gens qui m'entouraient. Par contre, la mention de leur fille me sonna une cloche. Un peu comme s'il s'agissait vraiment de la clée de cette histoire.

- Ouais.. leur fille.. Halley, c'est bien cela?

Il ne m'en fallait pas plus, je devais trouver qui elle était. J'étais certaine qu,elle avait un lien avec l'auberge. Elle y était, j'en étais sure. Il ne me restait qu'à la trouver. Comme je disais, je n'avais aucune idée de ce qui me poussait à faire cela... quelque chose en moi voulait comprendre... Cette histoire m'avait intriguée et je voulais savoir si mon auberge habritait une meurtrière fugitive... après tout, cela ne nous ferait pas nécessairement une excellente publicité si cela venait à être découvert. Je n'étais peut-être pas aussi professionnelle que Cybelle en ce qui a trait à l'auberge, mais au moins je sais ce qui est bon et ce qui ne l'est pas pour elle (contrairement à Raph). Laissant ma table ainsi (je paierais plus tard) je me dirigeai rapidement vers le bureau des réceptionnistes. Pierann y était. Cette jeune fille avait vraiment le don de me redonner le sourire, peu importe la situation. Je pris donc la liste des résidents et des clients et j'ai cherché Mc Keeney. Entendons nous, ce nom n,est pas des plus courant, par ici. Mes recherches ont porté fruit. Mais ce n'était non pas Halley Mc Keeney, mais bien Heather Mc Keeney. Elle résidait au 4e étage [à changer au besoin]. Je pris donc mon courage à deux mains et je montai là-haut sans parler à personne de ce que j'avais découvert.

Je me tenais devant la prote et j'hésitais beaucoup... et si elle me tuait? Je pris une grande respiration. SI elleétait ici pour se cacher, tuer quelqu'un ne lui serait pas d'une grande aide. Je frappai donc calmement à la porte, prête à avoir une petite discution avec cette jeune fille.

[ Ben en fait je viens de réaliser que je m'étais pas inscrite dans une chambre...donc tu pouvais pas me trouver ^^ Du coup le 4ème me va très bien ^^ ]

Des coups secs me tirèrent d'une torpeur désagréable et je sursautai brusquement. J'étais emmêlée dans mes draps et je tentai de m'en extirper, mais mes mains tremblaient trop. Ce réveil inopiné m'effrayait au plus haut point: qui donc pouvait bien vouloir me parler? L'esprit encore embrouillée de mes cauchemars incessants, je me pressai vigoureusement les yeux tout en me mettant sur pied. Mon équilibre était fragile; je me rattrapai au mur, maudissant la vodka qui me comprimait toujours la tête lorsque je m'éveillai. J'avais l'impression qu'une masse pesait sur mon cerveau. Finalement debout et débarrassée de mes draps, en boule sur mon lit, j'écarquillai les yeux et prononçai d'une voix pâteuse:

- Oui oui j'arrive...

Aussitôt, je le regrettai. Je ne voulais voir personne, non seulement parce que je ne voulais de contact avec personne - sauf peut-être une personne, mais si mon inconscient le désirait, tout mon être savait pertinemment que je ne devais pas le voir - et surtout je me demandais bien qui voulait me parler dans cette auberge peuplée d'inconnus... Me vint à l'esprit que c'était peut-être la femme de chambre ou une personne de ce genre, et dans ce cas, je n'avais pas forcément à ouvrir la porte. Surtout à une heure si matinale... Peu sûre de moi tout d'un coup, j'attrapai le réveil qui était tombé par terre, sûrement lors de mes mauvais rêves cette nuit. Pardon?! L'heure du déjeuner était passée, c'était le début de l'après-midi... Non pas que me lever si tard m'effraie mais du coup, il y avait moins de chances que ce soit la femme de chambre...

Je me figeai. J'avais l'impression d'être un lapin pris au piège d'un renard, dans mon terrier, et que j'étais voué à me faire attraper et manger. Lentement, je jetai un coup d'œil sur la pièce qu'était ma chambre. C'était un désordre indescriptible. Des vêtements gisaient un peu partout, mélangés à un nombre incalculables de cadavres de bouteilles de vodka. Hmm. N'importe qui aurait jeté un œil ici m'aurait définitivement considérée comme une alcoolique finie; ce que j'étais en train de devenir, d'ailleurs. Je n'avais pas le temps de ranger un minimum. J'ouvrais comme ça ou je laissais passer... Mais hélas j'avais dit que "j'arrivais!". Sans réfléchir, j'attrapais un short qui traînait et l'enfilait rapidement, ainsi qu'un pull ample en coton. Autant éviter d'accueillir un inconnu en petite tenue. Un regard dans la glace me découragea de me donner un tant soit peu une bonne figure: mes cheveux étaient en désordre, ma peau blafarde et j'avais les yeux cernés comme rarement je les avais eu. J'aurais pu jouer dans un film de morts-vivants. Comme toujours, seuls mes yeux ressortaient, comme une flamme qui palpitait malgré le fait que tout le reste soit éteint. Tremblante, je m'approchai alors de la porte.

Arrivée devant le battant, j'hésitai, réellement effrayée. Je jetai un dernier coup d'œil découragé sur le spectacle désolant de ma chambre qui ressemblait plus à un champ de bataille et je posai la main sur la poignée, bien décidée à écourter toute discussion. Au prix d'un immense effort, j'ouvris.

Je laissais juste un petit espace pour passer ma tête et jeter un coup d'œil apeuré. Je m'agrippai d'une main à la porte, prête à la refermer brusquement si on me voulait du mal, si c'était la police, que sais-je! Mais je clignais des yeux plusieurs fois: c'était la jeune femme blonde, celle à qui appartenait l'auberge...

Surprise, j'ouvris la porte en plus grand pour apparaître entièrement, tout en prenant soin de rester entre la porte et le mur pour essayer de cacher le contenu de ma chambre. Je ne sais pourquoi voir la belle jeune femme fit légèrement retomber ma peur, car elle m'inspirait confiance. Cependant, je restai sur la défensive. J'étais persuadée qu'elle allait me demander pourquoi je faisais tant de bruit la nuit, car il m'était assez courant de me réveiller en hurlant, tant mes cauchemars me hantaient. Gênée, je la saluai. Elle n'était pas beaucoup plus âgée que moi et je m'adressai naturellement à elle comme à quelqu'un de mon âge, ce qui redoubla ma gêne par la suite car j'eus peur qu'elle le prenne comme une offense:

- Ah bonjour... Euh... Tu... voulais me parler?

Je regrettai presque de m'être mèlée à cette histoire. Après tout, n'avais-je pass déjà assez de mes problèmes à moi? Je refusais catégoriquement de croire que je le faisais par pure bonté ou pour aider quelqu'un. Rien ne m'avais jamais motivée à aider les autres. Je m'étais toujours débrouillée seule pour me sortir de mes problèmes. Personne ne s'était jamais proposé pour m'aider, alors pourquoi je l'aurais fait pour les autres? Si j'avais été capable de m'en tirrer (non pas sans quelques blessures de l'âme) vivante, chaque personne ayant un minimum de volonté pouvait règler ses problèmes par sois-même. Cependant, j'avais déjà frappée à la porte. Je me contentai donc de me faire croire que je le faisais pour le bien de l'auberge et non pas parce que je voulais aller au fond de cette histoire. Enfin, après quelques minutes d'attente, une voix endormie s'addressa à moi.

- Oui oui j'arrive...

J'eus un léger moment d'hésitation. Dans ma lancée, avais-je commis l'erreur de ne pas considérer l'heure avant de venir frapper à la porte d'une inconnue qui se trouvait, dans ce cas, à être l'une de mes clientes? Je regardai rapidement ma montre et je fus soulagée. Il était 1h30 de l'après-midi. Alors comme se faisait-il que cette femme soit encore couchée à cette heure? Je présumai qu'elle devait avoir eu une assez grosse soirée la veille, ce qui n'était, certes, pas rare dans cette auberge. Le bar était assez réputé et beaucoup de clients passaient ici simplement pour gouter à nos cocktails tous plus originaux les uns que les autres. Il n'était donc pas rare de voir des clients complètement souls retourner se coucher à 3h du matin. Et chaque fois que j'étais témoin d'une telle chose, je remerciais la vie de ne pas être la femme de chambre qui irrait nettoyer leur salle de bain, le lendemain matin. Car oui, moi aussi il m'arrivait assez souvent de rester au bar à des heures assez tardives. Je buvais assez souvent... pas de là être malade, mais au point de réussir à engourdir un peu la vie... pendant quelques heures. Il faut dire que lorsque l'on a travaillé dans un bar de danseuses et que les deux seuls moyens de ne pas trop réaliser ce que nous faisons sont de boire jusqu'à tout oublier ou prendre une quantité incalculable de drogue, on se rend compte que quelques verres un soir de temps en temps ne fait pas de mal à personne. Parce que non... je n'ai pratiquement jamais touché à la drogue... cette substance me fait peur. Je l'ai essayé, une ou deux fois et je me suis sentie tellement lente que j'eus peur de rester ainsi pour le reste de ma vie. Je préferais boire.

Un déclic se fit entendre de l'autre côté de la porte. Je sus donc que mon interlocutrice avait débarré sa porte de chambre. Celle-ci s'ouvrit aussitôt d'une dizaine de centimètres, laissant apparaître un visage. Ce visage me fit presque peur tant la jeune fille devant moi n'avait pas l'air bien. Sa peau était pratiquement transparente tant elle était blanche et cireuse. Des cernes comme rarement j'en avais vus entouraient presque ses yeux. Ses yeux captivèrent alors toute mon attention. Ceux-ci étaient d'un vert presqu'irréel tant ils étaient intenses et lumineux. Dans ce visage que la vie semblait avoir voulu détruire, ils semblaient s'être perdus... comme s'ils n'étaient pas à leur place, comme si... comme s'ils contenaient la dernière étincelle de joie que cette jeune fille avait pu avoir. Ce visage me faisait de la peine. J'eus un flash... un flash d'une image que le mirroir de mon ancienne chambre me renvoyait. Une jeune fille que je ne connaissais pas me regardait, semblant être fatiguée de vivre. Sa peau blanche, terne et cireuse avait perdu tout ce qu,elle avait de beau et d'attirant. Ses yeux qui avaient pourtant l'habitude d'être si bleus tirraient vers le gris et ne contenaient plus aucune étincelle de quoi que ce soit. Leurs contour était coloré de tristes cernes mauves. De langs cheveux blonds ternes et sans brillance entouraient ce triste visage. Une larme coulla d'un de ses yeux... parce que trop de souvenirs de sa soirée de la veille lui revenait. C'était mon reflet, l'image que mon mirroir m'avait renvoyée à tous les matins depuis mes 16 ans... jusqu'à ce que j'emménage ici. Que pouvait-il être arrivé à cette jeune Mc Keeney? J'étais sure d'une chose: Elle avait vécu quelque chose d'atroce.

- Ah bonjour... Euh... Tu... voulais me parler?

Je lui sourie tendrement. Je voulais savoir ce qu'il lui était arrivé. Je voulais la comprendre et essayer de l'aider.

-OUi euhm... c'est un peu délicat. Croyez-vous que je pourrais vous en parler dans votre chambre?

Cette jeune fille avait l'air de tout sauf d'une meurtrière. Dès que je l'avais vu, j'avais cessé d'avoir peur pour moi. Elle avait sans doute d'autres raisons d'avoir disparue et de s'être retrouvée ici. J'avais bien fait de ne pas contacter les autorités pour leur dire que cette disparue se trouvait ici. Je n'avais aucune idée de ses motifs... et je crois que si je l,avais envoyée directement dans la gueule du loup, jamais je n'aurais pu me le pardonner.

Le sourire sur les lèvres de la jeune femme acheva d'affaiblir mes défenses. Elle avait vraiment l'air adorable... Mais peut-être était-ce ses beaux cheveux blonds, ses yeux clairs et ses traits fins qui aidaient à me faire penser ainsi. D'autant plus qu'en la détaillant je constatai qu'elle avait plus l'air d'une femme fatale que d'un innocent petit ange. Me vint à l'esprit que je ne devais donc nullement me fier aux apparences: son apparente gentillesse cachait peut-être quelque chose de bien plus mauvais.

-OUi euhm... c'est un peu délicat. Croyez-vous que je pourrais vous en parler dans votre chambre?

Dans ma chambre?? Je restai un instant sans voix, les yeux baissés, cherchant furtivement une issue de sortie. C'était la gérante de l'auberge et même si je ne mettais pas le feu à ma chambre, le bazar de celle-ci pouvait suffire à ce qu'elle me demande de quitter son établissement. Et c'était bien la dernière chose dont j'avais besoin. Oui mais que faire? Je ne pouvais pas lui demander une petite minute et ranger le plus de choses possibles, cela aurait demandé beaucoup plus de temps et de plus je n'étais pas en état.

- C'est à dire que... commençai-je pour gagner du temps. Cette fois-ci le renard avait vraiment acculé le petit lapin au fond de son terrier. J'étais fichue, je ne voyais pas d'alternative.

J'essayai de me figurer de quelle manière je pouvais jouer à mon avantage, comme par exemple lui rappeler que j'avais une belle fortune et que j'avais déjà réglé ma note rubis sur l'ongle: elle n'aurait jamais de problèmes d'argent avec moi. D'autant plus que je devais nettement contribuer aux bénéfices du bar. Mais cela me faisait tellement horreur de mettre l'argent en avant comme une enfant de riches qu'hélas j'étais... J'effaçai donc cette idée de mon cerveau. Jamais plus je ne me comporterai comme une petite bourgeoise qui croit que tout est lui dû car elle a une carte Gold, carte de ses parents qui plus est.

- C'est à dire que ce n'est pas très rangé, repris-je. Bel euphémisme. Elle n'aurait même pas de quoi poser son pied par terre sans marcher sur une bouteille ou un vêtement. La honte commença, lentement, à me gagner.

Mais je n'avais pas le choix. Vaincue, j'écartai en grand la porte en lui faisant signe d'entrer. Je gagnai en grandes enjambées le petit canapé et attrapait le monceau de choses qui le recouvraient que je posais dans le même état sur mon lit défait. Au moins, on pourrait s'assoir sans écraser quelque chose. Je n'osai pas la regarder et restai là, prés du canapé, la tête baissée, comme une enfant qui sait qu'il a fait une bêtise et qui attend, soumis, la punition de ses parents.

- Refermez bien la porte, la suppliais-je. Pas besoin qu'une autre personne voit l'état désastreux de l'endroit où je vivais. Je finis par, hasardeuse, l'interroger du regard, tout en ayant la détestable sensation que je vivais l'un des moments les plus honteux de ma vie.

[Je tiens à spécifier que c'est au moment où Gab est encore enceinte]

- C'est à dire que...

Un instant, je fus confrontée à ma lucidité, bien plus qu'à mes émotions. Je me tenais devant quelqu'un qui aurait pu tuer une personne. Plusieurs choses se tenaient... En plus, elle semblait être rétissante à me laisser entrer dans sa chambre. Qu'y cachait-elle? Je fus un peu apeurée, mais je me dépêchai à retrouver mon sang froid. Elle semblait plutôt bouleversée émotionnellement et j'avais des doutes sur son côté psychopate. Naturellement, j'aurais été une victime facile, étant enceinte... il aurait été bien facile de me faire du mal. Pourtant, quelque chose en moi me disait de rester... que j'avais quelque chose à accomplir. Je restai donc plantée devant elle, milles questions dans les yeux, à attendre qu'elle me dise pourquoi je ne pouvais pas entrer. Je ne voyais pas ce qu'il pouvait y avoir de gênant, après tout, on permettait un peu n'importe quoi dans les chambres de résidents, donc elle n'avait pas grand chose à me cacher. La jeune fille finit par ouvrir la bouche, me laissant enfin savoir pourquoi elle ne voulait pas me laisser entrer.

- C'est à dire que ce n'est pas très rangé, me dit-elle, semblant un peu mal à l'aise.

Je dois dire que toutes mes défenses disparurent et j'éclatai de mon rire mélodique et charmant. Moi qui croyait qu'elle semblait méfiante parce qu'elle pouvait cacher 2 ou 3 cadavres dans le garde robe, entendre qu'il s'agissait seulement d'une question de ménage me rendait la situation d'un simplicité étonnante, bien trop simple pour moi qui, au fond, avais passé sa vie à se foutre dans les pétrins les plus incroyables. Les gens qui payaient pour vivre ici pouvaient bien faire ce qu'ils voulaient dans leurs chambres, je n'en avais rien à faire. Sexe, alcool et je ne pouvais vraiment pas nier que la drogue avait une place de choix dans certaines chambres. Tant qu'il ne mettait pas le feu ou ne brisaient pas les meubles, cela n'était pas de notre ressort. Avec un petit sourire complice, je lui fis un joli clin d'oeil.

-Ne t'en fais pas, ma chambre non plus n'est pas tellement rangée...

Comme je parlais, elle ouvrit grand la porte me laissant ainsi la voie libre. J'eus presqu'une exclamation de joie lorsque je vis que quelqu'un au monde avait une chambre qui se raprochait plus du Vietnam que la mienne. Oui, parfois j'avais cet effet d'avoir l'air d'une débile profonde, mais ce n'était pas si pire. C'était tout simplement que parfois, j'avais des réactions un peu trop hors du commun pour la plupart des êtres humains. Mais au fond, c'était vrai... Rares étaient les personnes qui entraient dans ma chambre parce que je trouvais tous les prétextes pour les en empêcher. Parfois, je n'était pas levée à temps pour que la femme de chambre vienne se charger du désastre, alors les choses s'accumulaient. Habile comme... un femme enceinte XD, j'enjambai les différentes choses qui recouvraient le plancher de la chambre et je devais dire que j'étais plutôt familière avec le milieu, me rappellant dans quel état s'était trouvée ma chambre, chez mes parents, à une certaine époque. Étant donné la présence des femme de chambre, l'état de celle qui se trouvait au 5e étage de l'auberge était déjà moins catastrophique. Je finis tant bien que mal à rejoindre le sofa sur lequel Heather était déjà assise. Elle semblait inquiète que quelque chose puisse entrer dans sa chambre. Je décidai donc d'aller doucement et délicatement vers le but.

-Voilà... Je me demandais si tu avais un lien familial avec cet homme, un Mc Kenney, qui a été retrouvé mort... il y a un certain temps. Parce qu'il faut avouer que ce nom est plutôt rare!

Je lui fis un sourire sincère et tendre pour qu,elle sache qu,elle pouvait me faire confiance. Cette fille cachait quelque chose de lourd, trop lourd pour elle. Peut-être qu'à deux, nous aurions été capables de le soutenir...

La jeune femme éclata de rire et je lui offris un pauvre sourire, un peu rassurée par la mélodie claire de son rire énergique. Vraiment, elle inspirait confiance, sous sa cascade de cheveux blonds, derrière ses deux grands yeux bleus... en fait, je crois que j'aurais pu être amie avec elle si j'étais l'ancienne moi. Elle avait cet éclat dans les yeux qui montrait toute son énergie et j'aimais ce genre de personne. Mais là... Tout était différent. J'étais dans une impasse et elle m'acculait; j'avais peur, je me sentais piégée, gênée, honteuse également. Ma chambre n'avait rien à voir avec la chambre d'une ado que ses parents trouvaient très mal rangée; la mienne, c'était réellement le souk, vêtements, chaussures, journaux, cadavres de bouteille et paquets de cigarettes s'entremêlaient sans laisser un espace découvert. La laisser entrer revenait en fait à la laisser pénétrer dans mon univers de chaos, ce que je ne voulais pas. J'offrais déjà une image assez pitoyable et bon nombre de gens devaient me voir comme une pauvre fille paumée et alcoolique – ce qui ne s'éloignait pas tant que ça de la réalité – alors je ne voulais pas qu'en plus la propriétaire de l'auberge constate dans quel état de déchéance j'étais réellement.

- Ne t'en fais pas, ma chambre non plus n'est pas tellement rangée...

Elle eut beau me lancer un charmant clin d'œil, rien n'y fit. Je lui ouvrai la porte alors que je rêvais par dessus tout de lui claquer au nez. Et puis, à quoi rimait tout cela? Que me voulait-elle? J'avais beau me rassurer en me disant que je ne dérangeais pas trop mes voisins, je craignais qu'elle vienne me voir pour m'annoncer que je devais quitter l'auberge.

Assise sur mon sofa, la mort dans l'âme, je l'observai du coin de l'œil s'installer, cachée derrière le rideau de mes cheveux bruns et décoiffés. Aussi étrange que cela puisse paraître, elle ne parut pas intimidée plus que cela par le désordre environnant. Hmm. Simple façade ou y était-elle réellement indifférente? Je ne voulais pas me faire avoir, mais instantanément, j'oubliai un peu de ma retenue et la regardai dans les yeux tandis qu'elle s'asseyait. Toujours souriante, elle m'annonça enfin sur le ton de la confidence:

--Voilà... Je me demandais si tu avais un lien familial avec cet homme, un Mc Kenney, qui a été retrouvé mort... il y a un certain temps. Parce qu'il faut avouer que ce nom est plutôt rare!

Le sens de ses paroles contrasta si fort avec l'air tranquille et amical affiché sur ses traits que je ne sus comment réagir. Prise de court, j'eus un frisson que je tentai de réfréner, alors que je restais sans voix. Quoi? Comment le savait-elle? Avait-elle fait des recherches sur moi? Et... savait-elle tout? Me posait-elle juste cette question pour me faire comprendre qu'elle savait tout? Je n'eus pas le temps de réfléchir et sortirent des mots de ma bouche qui me rendaient, si je ne l'étais pas assez, encore plus suspecte:

- Non pas du tout! Je ne vois pas de quoi tu parles.

Ma voix sonnait faux, je l'entendis instantanément. Fermant les yeux un instant, je me mordillai la lèvre. Les bras serrés autour de moi, je me sentais frissonner. Une vague de désespoir m'envahit; j'en avais assez, assez de tout ça... Assez de cette histoire qui me collait à la peau, assez de la meurtrière que j'étais, assez de la loque que j'étais devenue. Mais le fait était que si même Gabrielle Désirée m'inspirait étrangement confiance, je ne pouvais pas me permettre de me confier. Marek était le seul à le savoir et en lui je plaçais toute ma confiance, mais elle? Aussi charmante qu'elle pouvait être, si elle apprenait qu'une meurtrière dormait sous son toit, il serait légitime qu'elle me somme de partir. Et puis... Et puis je ne pouvais pas parler. Je ne voulais pas revivre encore cette horrible nuit – bien qu'elle me hante depuis six mois à présent.

Je ne savais que faire; je tortillai le tissu de mon t-shirt et mes jointures en devenaient blanches. Je voulais qu'elle parte... Je voulais qu'elle ne soit jamais venue me poser cette question. Me forçant à respirer calmement, je me mis soudain à penser à quelque chose – quelqu'un - qui m'apaisa. Marek. Qu'aurait-il fait, là, à ma place? Je devais rattraper mon stupide balbutiement de tout à l'heure sans quoi elle allait sans tarder appeler la police pour qu'ils me passent les menottes au poignet. Je n'avais pas les talents avérés de Marek pour manipuler les autres, mais je pouvais au moins essayer de mettre sa technique en pratique.

Je repris, plus calmement, laissant volontairement mes yeux embués de larmes:

- A vrai dire... Oui je le connaissais... Mais c'est un sujet un peu douloureux à évoquer... C'était... Il était mon oncle. Il est mort dans... Dans un sale accident dont on ignore étrangement les causes. Ma famille en a beaucoup souffert, autant de la perte de mon... oncle que de l'absence d'explications. Voilà.

Je relevai mon regard humide vers elle, un peu perplexe quand à ma prestation. Certes ma gorge nouée et ma voix tremblante me rendait assez crédible, mais je mettais si peu de conviction à prononcer le mot « mon oncle » tant mon père m'inspirait de l'horreur que je ne savais que penser.

-Comment en as-tu entendu parler? Finis-je sur un air faussement détaché.

» Heather Mc Keeney, la fugitive.