Comme un arc-en-ciel d'horreur [PV]

[PV: Gab, Charles et Becky]

L'Oeil avait trop attendu pour s'abreuver de douleur et, désormais, il payait. La créature sentait sa raison lui échapper lentement, mais trop rapidement en même temps. Pour certains, un monstre tel que l'Oeil ne pouvait pas avoir de raison, car il était trop méchant. Tuer des êtres innocents pour survivre leur semblait barbarre. Pourtant, c'était ce qu'ils faisaient eux-mêmes. Seul le type de viande différait. L'Oeil était donc, au fond, assez semblable aux humains, même s'il avait une apparence différente. Il vivait comme eux, en tuant des êtres d'espèces qui lui semblaient inférieures à la sienne. Puis, il continuait à vivre paisiblement, sans avoir toutes ces morts sur la conscience puisqu'elles étaient normales et nécessaires à sa survie. En bon monstre qu'il était, aucune culpabilité ne le rongeait. Souvent, il envisageait d'élever lui-même de plus faibles créatures pour ensuite les tuer et dévorer ce dont il avait besoin pour rester tel qu'il était. L'idée était alléchante, mais c'était beaucoup de travail et l'Oeil était seul. Toujours seul.

Il avait tué le dernier autre spécimen de son espèce quelques mois auparavant, alors qu'il vivait une crise de démence à force de ne jamais réussir à attraper de fées. Depuis, il se contentait de retrouver son image dans les cours d'eau. Son reflet lui laissait même parfois croire qu'il n'avait pas vraiment tué son frère. La solitude lui enlevait toute lucidité.

L'Oeil avait été attiré par le café internet, car il y avait senti une étrange énergie. Jamais il n'avait senti ce type d'ondes dans la forêt. Gourmand, il avait imaginé une nouvelle créature magique qu'il aurait pu vider de toute sa force. Une fois entré dans la pièce, il avait constaté que l'énergie était fausse. Du moins, elle était inutilisable pour lui. De plus, l'endroit était vide de toute créature vivante. L'Oeil était déçu.

Prise d'une nouvelle crise de rage, la créature laissa partir une puissante onde de choc invisible. L'auberge en vibra, comme si un petit tremblement de terre avait eu lieu. La fenêtre du local vola en éclats et les ordinateurs furent projetés sur tous les murs. Si quelqu'un avait été dans la pièce, il en serait devenu sourd tellement le bruit de la somme des différents chocs avait été puissant. Heureusement pour lui, l'Oeil n'entendait rien. Il ne faisait que voir, sentir et deviner. Les ondes de magie et de sentiments lui étaient accessibles, mais aucun son ne venait perturber sa conscience. Aussi, il n'entendait pas ses victimes hurler de douleur, mais il ressentait à quel point leur détresse était grande. Et il s'en délectait toujours.

Totalement absorbé par son observation des dégâts qu'il était fier d'avoir causé à ces inutiles sources d'énergie mensongère, le monstre ne sentit pas la présence d'une personne dans le couloir, tout près du café.

[HJ: N'est-il pas attachant?]

[Excusez la longueur, mais vous savez combien j'ai de temps. XD]

L'Oeil détestait vraiment ces carcasses vides de toute énergie utile. De plus, maintenant qu'il leur avait envoyé une onde de choc, celles-ci n'émettaient plus rien. Elles étaient donc faibles. Et l'Oeil n'aimait pas les faibles: ils étaient tellement moins savoureux à exterminer. La démoniaque créature préférait, de loin, s'en prendre à des êtres puissants pour leur extraire toute leur force.

Le monstre était tout de même satisfait d'avoir réglé le cas de ces illusoires proies. Les voir éparpillées partout sur le sol en morceaux de vitre et débris de platique arrivait presque à faire éteindre son envie de détruire toute l'auberge. Après tout, il en avait le pouvoir. Nombre de *tremblements de terre* avaient eu raison de constructions plus imposantes que cette mignonne auberge. Toutefois, l'Oeil n'avait pas envie de ce genre d'attaque trop facile et tellement peu subtile. La créature était beaucoup trop raffinée pour se laisser aller à un tel manque de classe. L'idée de tuer, un à un, les autres êtres habitant cet endroit était beaucoup plus alléchante.

D'ailleurs, l'un de ceux-ci eut l'inintelligence de pénétrer dans le lieu de carnage informatique de l'Oeil. Ce dernier sentit qu'il avait affaire à une femelle et il en fût assez heureux: leur énergie était tellement plus intéressante. La femelle en question avait justement une énergie particulière. Elle n'était pas une simple humaine, comme tous ces êtres insipides qui venaient souvent marcher près de la forêt. L'Oeil sentait en elle de grands pouvoirs et...autre chose. En se concentrant, l'immonde créature devina que l'autre être portait un enfant. Si l'Oeil avait eu un visage, il aurait grimacé. Il n'aimait pas l'énergie des enfants: elle était trop pure, trop facile à briser. Le monstre décida donc d'essayer de ne pas y faire attention et d'éliminer la jeune femme, car il la considérait comme une menace.

L'Oeil envoya donc une forte décharge à la fois mentale et physique à celle qui avait osé entrer dans la salle. Cette onde de choc ne fut pas égale: la jeune femme fut projetée de tous les côtés avant d'atterrir exactement à l'opposé d'où elle se tenait à l'origine. Le monstre sentait l'énergie s'échapper de l'autre créature et il adorait la sensation. Toutefois, l'énergie de l'enfant dans son ventre venait le frapper avec une douceur qui le répugnait. L'Oeil concentra donc un maximum de force dans une attaque directement vers l'enfant pour que son énergie cesse de l'agresser. Il ne cessa que lorsque les yeux de Gabrielle furent injectés du sang qui ne coulerait jamais dans les veines de son enfant. Son énergie ne menaçait plus l'Oeil: l'enfant venait de perdre ses dernières étoiles de vie et, dans peu de temps, ce serait le tour de sa mère.

[Ce n'est pas une excuse (6)AHAHAH]

Je ne sais pas ce que je donnerais pour retourner à cet instant... Pour éviter que tout cela arrive. Je donnerais tout TOUT ce que j'ai. On donnerait notre vie pour notre enfant... alors imaginez ce que l'on peut ressentir lorsqu'on le sent mourrir en nous sans ne pouvoir rien faire. Cela n'avait pas pris de temps à cet Oeil pour prendre conscience de ma présence... si conscience il y avait. Lorsque j'avais vu son énorme pupille se poser sur moi, j'avais su que j'aurais été largement préféré être dans mon lit, loin du café internet. J'étais totalement pétrifiée par la peur et c'est à ce moment que je réalisai l'empleure de la situation. Inconsciement, je mis mes mains sur mon ventre, sachant très bien que cela ne changerait rien sur son sort... sur notre sort. Pourtant, j'étais incapable de bouger de là. J'avais les pieds coullés dans le béton.

Alors, je devins sourde... et j'eus le souffle totalement coupé. Des larmes sortient de mes yeux sans que je le veuille. L'Auberge fut à nouveau secouée d'un gros tremblement... duquel j'étais le centre. En moins d,une seconde, je fus projetée à l'autre extrémité de la pièce. Ma tête se fracassa contre le mur... si dur. Sonnée, il me fut pratiquement impossible de bouger. J'émis un gémissement de douleur. Je sentais mon sang chaud couler sur mon cuire chevelu et dans mon visage. Je sentais mon coeur battre dans mes tempes. Je rassembai tout de même toutes les forces qu'il me restait pour me recroquviller comme je pouvais... pour pouvoir protèger mon fils comme je le pouvais... bien que tout cela était bien inutile.

Alors que je commençais tout juste à respirer lorsque je sentis comme mes entrailles se broyer... J'avais l'impression de me faire déchiqueter à l'infini. Je hurlai de douleur. C'était la pire douleur physique je j'avais ressenti au cours de ma vie. Je voulais mourrir... mourrir pour que tout cela cesse.. pour arrêter de sentir. Mais rapidement, quelque chose de pire s'installa. Je vis des yeux brun-vert s'éteindre. Je vis la vie quitter cette personne qui m'était si chère... bien plus chère que tout ce que je pouvais imaginer. Tellement que cette seule vision surpassa toute la douleur qu'on m'avait infligée depuis mon entrée dans cette pièce qui fut, un jour, le café internet. Je voulu pleurer... Pleurer sur ce corps inerte qui accaprait toute mes pensées. Ces yeux, tellement beaux, avaient perdu toute leur magie.. tout ce que j'aimais. Parce que oui... c'est là que je l'ai compris... comme je l'aimais.... comme il m'était essentiel. Mais soudain, tout s'arrêta. Le café redevint comme je l'avais laissé pour ce cauchemar.

Le monstre s'était arrêté un instant, comme s'il réfléchissait. Je savais que c'était le calme avant la tempête, mais je n'avais aucun moyen de bouger de là. j'avais l'impression d'être en morceaux. J'étais toute tremblantes et je voyais encore flou. Je sentais toujours mon sang me couler dans le visage. J'avais peur... tellement peur. Qu'avais-je de si attrayant pour qu'il s'en prenne autant à moi? Soudain, je ressentis une douleur différente... elle éétait un peu... indirecte, comme si elle ne m'était pas destinée. Soudain, avec horreur, je compris. Il s'en prenait à Lui.

-NON! PITIÉ PAS LUI!

Malgré mon manque orce, je réussi à hurler, pourtant rien de cessa. Je me mis à pleurer... des larmes de sang. Un sang qui n'était pas le mien. Un sang qui était le sien. Je me repliai encore plus sur moi-même... même si rien ne pouvait plus empêcher ce qui devait arriverAvant de sombrer dans l'inconscience, je sentis une parie de moi, la plus importante, mourrir. J'aurais voulu mourrir avec elle... avec Lui. Mais lorsque mes yeux se fermèrent d'eux-même, une image m'apparut. Homme chevelu avec des yeux incroyables posant sur moi ce regard électrifiant rempli d'a... mour? Et c'est ce qui m'empêcha de me laisser mourrir avec mon bébé.. parce que j'aurais bien pu le faire. Je me devais de survivre.. simplement pour le revoir.

Courir le plus vite qu’il pouvait ne semblait pas être suffisant pour Charles. Gabrielle était en danger, il devait se dépêcher. Après déjà quelques minutes de course, le sorcier s’impatienta et tendit son bras devant lui. De la fumé bleu en sortit et prit très vite la forme d’un gros tigre des neiges. Charles recula son bras et le retendit brusquement devant lui, comme pour donner un élan à son invocation vaporeuse. L’imposant félin partit aussitôt à toutes jambes (ou plutôt à toutes pattes) à une vitesse hallucinante. Il connaissait sa mission, protéger la jeune héritière en attendant que son maître n’arrive sur les lieux.

*Tant pis pour la discrétion * grogna Charles intérieurement, * il est question de vie ou de mort!*

Alors que le sorcier arriva enfin aux escaliers, qu’il entreprit de descendre en glissant sur la rampe, le tigre de fumé fit interruption dans le Café-Internet en poussant un grand rugissement. Il atterrit sur Gabrielle, mais étant entièrement fait de fumée, il l’enveloppait ce qui lui faisait un appris contre les attaques de L’Oeil. Charles savait que son sort ne tiendrait pas longtemps, son tigre était entièrement du flux de magie et c’était ce dont se nourrissait le monstre. Mais cela permettais au sorcier de gagner du temps pour arriver et en même cela assurait une bonne protection à Gabrielle. L’Oeil allait d’abord se ravitailler par l’essence du tigre avant et le temps qu’il engloutisse le félin en entier, Charles avait largement le temps d’arriver avant que le démon multicolore ne rejette son dévolu sur Gabrielle. De toute manière, le grand sorcier savait que dès qu’il entrerait dans la pièce, l’Oeil se désintéresserait complètement de la jeune fille pour baver devant le buffet magique que représentait Charles.

Lorsque le sorcier arriva enfin, derrière l’Oeil, il remarqua que son sort avait effroyablement diminué de force magique. Il put aussi constater que Gabrielle était dans un piètre état, cela l’inquiéta.

*Merde ! J’arrive trop tard !…*

Il se tourna alors vers l’Oeil, qui ne semblait pas l’avoir vu arriver.

*Sale monstre… *

Charles joignit les mains ensemble et se concentra, juste le fait de concentrer sa magie il savait que cela allait attirer l’Oeil. Mais pour être certain (et aussi parce que ça le démanchait), il lança des genres de filets de magie tranchantes sur le gigantesque œil volant. Charles n'était pas du genre à jouer les héros, tout ce qu’il voulait c’était t’attirer l’attention de la créature. Il n’était pas sûr de pouvoir en venir à bout, mais il devait essayer de toutes ses forces…il se devait de protéger l’Auberge.

-Cybelle ne sera pas contente de voir ce que tu as fait du café, lança Charles avec une pointe d’ironie et avec un sourire aux coins des lèvres, je vais être gentil avec toi…je vais t’achever avant elle…je serais moins sadique qu’elle.

Le sorcier fronça les sourcils, un air grave sur le visage, il se mit en position de défense.

-À moins que tu insistes.

[HJ : Donc, Charles, Becky, puis moi…Vous savez ce que vous avez à faire. Et…euh...Charles chéri, tu n’es pas supposé décider que l’Œil s’est attaqué au tigre de fumée ou qu’il semble ne pas l’avoir vu arriver sans me demander la permission. Je t’aime quand même, tu sais. ]

L’Œil aurait adoré avoir une voix. La plupart des autres êtres en avait une. Les animaux poussaient des cris, les fées et les sirènes chantaient, les humains parlaient… L’Œil était réduit au silence. Pourtant, il aurait pu avoir un timbre de voix bas et froid et s’exprimer avec une lenteur terrorisante. Surtout, il aurait pu rire. Le monstre aurait pu laisser s’échapper dans l’air un léger rire cristallin lorsqu’il faisait du mal à ses victimes. Il aurait adoré. Vraiment.

La créature adorait la peur. C’était presque aussi bien que la mort, presque. Celle qu’elle avait ressentie en Gabrielle avait eu une saveur incroyablement agréable. Cependant, l’Œil avait trouvé décevant que la jeune femme saigne. Il n’aimait pas le sang. Cela pouvait paraître ridicule qu’une créature aussi sadique soit dégoûtée par le sang, mais c’était tout de même le cas. L’Œil préférait tuer ses victimes sans salir. Le sang était trop rouge, trop liquide, trop…sang. L’horrible créature n’en avait pas et elle s’en portait assez bien. Elle ne comprenait donc pas pourquoi il en sortait de partout aussitôt qu’elle violentait un peu un humain ou une fée. Ils étaient si étranges…

L’Œil sentit le cri de Gabrielle et, une fois encore, il fut déçu de ne pas pouvoir y répondre par un rire. Sa douleur lui était si agréable. C’était comme une fine caresse qui le frôlait comme en écho. Le bébé mourut et la créature monstrueuse se sentit instantanément mieux. Elle détestait tellement la pureté qu’elle n’en avait même pas tiré de plaisir, outre celui de faire souffrir la jeune femme, laquelle avait osé s’évanouir. Si l’Œil avait respiré, il aurait soupiré.

Toutefois, notre cher Œil n’eut pas le temps de se demander s’il tuait la blondinette maintenant ou s’il attendait qu’elle reprenne conscience. Une fort étrange créature venait d’entrer dans la pièce pour se mettre sur l’inerte demoiselle dans le but évident de la protéger. L’Œil n’avait jamais rien vu de semblable. Il ne s’en approcha donc pas, puisqu’il était plutôt prudent. Lui-même étant totalement dangereux, il savait bien qu’on ne devait prendre aucune risque avec ce qu’on ne connaissait pas. Doucement, il recula vers le mur dans le but de passer à travers et de sortir du champ de possible attaque de l’être de fumée.

C’est à ce moment joyeux qu’une autre créature arriva. L’Œil, fit comme s’il ne la voyait pas, tout en le sondant. Les êtres humains ou environ humains croyaient généralement que, si on ne les regardait pas, ils étaient invisibles, donc invincibles. L’horrible monstre se servait souvent de cette caractéristique pour les surprendre.

La créature en question était tellement saturée de magie que l’Œil en perdit la raison. Il oublia l’être de fumée pour se concentrer totalement sur Charles. Devinant le danger qu’un magicien comme lui pouvait représenter, le monstre décida de faire vite, très vite. Il ne dégusterait pas : il n’en avait pas le temps. Il serait comme un enfant avec une barre de chocolat : il l’engloutirait en un rien de temps.

L’Œil envoya donc son attaque la plus dévastatrice sur Charles. Il s’agissait d’une onde magique qui étouffait carrément l’âme des victimes. Physiquement, il ne se passait rien de particulier, mais l’effet mental était tellement puissant que les victimes en ressentaient un mal corporel. L’horrible monstre s’en était déjà servi contre une horde de fées venues pour se débarrasser de lui. Une seule onde avait été nécessaire pour toutes les tuer. Donc, cette créature qui osait être debout dans la même pièce que lui mourrait…Ou alors, elle était drôlement puissante. Dans ce dernier cas, l’Œil n’aurait qu’à lui envoyer quelques attaques bien placées pour l’anéantir.

[HJ: Un siècle et demi plus tard, l'Oeil daigne répondre. Il s'excuse de la longueur.]

L'Oeil ne savait pas compter. À vrai dire, la plupart des notions que les humains apprennaient lui étaient étrangères. Après tout, à quoi lui auraient-elles servi? On n'avait pas besoin de connaître l'algèbre pour arracher toute vie à un être quel qu'il soit. Bien sûr, dénombrer ses ennemis aurait pu lui être utile, mais savoir à combien exactement ils s'élevaient n'aurait peut-être eu qu'un effet démoralisateur sur lui. Au fond, l'Oeil était assez brillant pour deviner quand il y avait trop de créatures dans le camp adverse pour les attaquer sans avoir besoin de les compter. De plus, il fallait vraiment BEAUCOUP d'ennemis pour représenter une réelle menace pour l'Oeil. Du moins, c'était ce que l'expérience lui avait appris. Il avait l'habitude de décimer des armées de fées, des villages d'elfes, des meutes d'amazones... Pour lui, chaque autre être ne représentait qu'une occasion de tuer. Peut-être que cet excès de confiance le mènerait à sa perte. Parfois, on rencontre sa fin bien plus simplement qu'on l'aurait crû.

Notre cher adepte du mal pur et dur s'était bien vite désintéressé de sa première victime. Celle-ci avait été intéressante, au début, car elle dégageait une certaine magie assez spéciale. Chaque être magique, surtout ceux de nature humaine, avait une énergie magique particulière. La jeune femme avait semblé si alléchante pour l'Oeil. Toutefois, dès que Charles était arrivé, la demoiselle n'avait plus rien représenté. Rien. Le magicien était trop fascinant, trop intensément magique pour que l'Oeil s'attarde à celle qui, à côté de lui, n'était qu'un détail.

Puis, notre adorable Oeil avait perdu toute logique, puisqu'il en avait tout de même un peu, pour attaquer durement le nouvel intrus. Théoriquement (même si l'Oeil n'avait rien à faire des théories), le sorcier mourrait. Simplement. Son âme s'arracherait à son corps et l'Oeil la détruirait tout bonnement. Il regretterait même de ne pas posséder de bouche pour ainsi sourire méchamment à ce futur cadavre.

L'Oeil ressentit quelque chose de très étrange quand Charles tomba au sol sans mourir. C'était la première fois que ce sentiment s'emparait de lui. La peur? Il ne la connaissait pas. Pouvait-elle prendre possession de lui ce jour-là? Était-ce elle qui l'écrasait alors qu'il comprenait, dans son étrange logique d'être diabolique, qu'il n'était pas totalement en contrôle de la situation? L'Oeil sentit un mouvement bizarre le parcourir. C'était son premier frisson, peut-être aussi le dernier.

Puis, ce fut la douleur. L'Oeil avait oublié le tigre magique, tellement il était obsédé par le mage qu'il venait d'attaquer. Lorsque l'animal laissa ses dents transpercer le monstre, ce dernier y devina la même énergie que celle de Charles. Il s'était bien fait avoir. La créature qu'il venait d'attaquer était capable de se dédoubler, il en était maintenant certain. C'était assez inquiétant. Que pouvait-il faire?

L'Oeil laissa sa magie s'estomper de sur Charles pour se concentrer sur son problème immédiat: cet animal diffus qui lui faisait si mal qu'il avait l'impression de sentir sa propre âme sortir des trous que l'animal lui avait faits. Il envoya une forte onde sur le tigre, lequel ne pourrait pas y résister. L'Oeil fut un peu soulagé lorsque l'être de fumée magique alla s'écraser contre un mur et il ne perdit pas de temps pour se tourner vers Charles, lequel lui semblait plus flou.

Notre adorable Oeil ne se rendait pas compte qu'il perdait de plus en plus d'énergie, au point qu'il peinait à distinguer clairement son ennemi. Pour lutter contre ce trouble qui prenait place en lui, le monstre envoya une autre décharge magique sur Charles.

[HJ: Charles est chou. Becky est FOOOOOOOOLLE!!!]

-CRÈVE !!!!!!!!!!!!!

L'Oeil ne connaissait pas ce mot. À vrai dire, il n'en connaissait aucun. L'horrible créature ne pouvait comprendre aucune parole, dans aucune langue. La forme de son intelligence ne couvrait pas ce domaine, se limitant aux même choses que les animaux: les sensations, l'instinct... Plus grand que toutes ces notions, son besoin de faire le mal dirigeait toute sa vie. Il était le fil directeur de son existence. Rien d'autre n'avait d'importance, de valeur, d'intérêt... L'Oeil vivait pour tuer, tuait pour vivre. C'était plus grand que le besoin d'eau ou d'air qui animait la plupart des autres espèces vivantes. Même la mort ne lui apportait pas suffisamment de cette magie qu'il devait arracher aux autres créatures. Il n'en avait jamais assez mais, en même temps, il en avait toujours trop. Un mélange de famine et d'indigestion.

Même s'il ne comprenait pas le mot en lui-même, le monstre en devinait vaguement la signification, l'émotion. L'énergie du magicien lorsqu'il l'avait prononcé ainsi que les vibrations mauvaises qui s'étaient répandues dans l'air jusqu'à le toucher lui avaient fait comprendre que son adversaire lui exprimait sa rage et son envie de l'éliminer.

De toute manière, la conscience tordue de l'Oeil n'eut pas des siècles pour retourner dans tous les sens l'idée que le magicien essayait d'exprimer. Une puissante onde magique vint ébranler l'atroce créature. Jamais, sauf lors de la bataille avec son frère, l'Oeil n'avait ressenti ce type de magie. C'était trop fort, trop froid, trop...vide? On aurait dit qu'il s'attaquait lui-même. C'est alors qu'il comprit. Le magicien avait retourné la magie du monstre contre lui-même. C'était ingénieux. Au fond, c'était probablement le seul moyen d'avoir une petite chance de s'en sortir. Petite.

Naturellement, la chance ne suffit jamais. Pour le sorcier, elle ne permit pas la mort de son ennemi. L'Oeil ne succomba pas à l'attaque de Charles et il lui lança une intense attaque. Il lui lança une intense attaque. Il lui lança...Pourquoi cela ne fonctionnait-il pas? C'était comme si l'horrible créature n'avait plus de ressources, comme si elle avait utilisé toute sa force magique pour attaquer le sorcier et s'en défendre, et que, maintenant, il ne lui restait plus rien. L'Oeil était vide de sa puissance magique destructrice. À la moindre attaque de son adversaire, il succomberait certainement. Pour lui, la malchance avait suffi, au fond.

Toutefois, Charles n'eut pas le temps d'attaquer. Une étrange créature fit irruption dans la pièce. L'Oeil la trouva très laide avec toutes ses lumières clignotantes. De plus, elle dégageait une énergie dégoûtante. C'était à la fois celle des créatures sans magie, insipides, et celle de ces créatures à la fausse magie qui avaient peuplé la pièce avant que l'Oeil ne détruise tout.

-Eh toi! Prends toi en à quelqu’un de ta taille.

Encore des mots, toujours des mots. L'Oeil ne captait rien à ces faibles vibrations qui tombaient dans l'air sans réelle répercussion magique. Étaient-elles nécessaires? Les êtres de nature humaine avaient-ils vraiment besoin de toujours laisser des paroles s'échapper de leur corps? L'horrible créature n'y comprenait rien. Elle n'aurait d'ailleurs pas le temps d'essayer de le faire.

La bête clignotante fit un mouvement que l'Oeil ne comprit pas et, captivé, il regarda le rayon d'énergie aller de ce que Becky tenait à la main jusqu'à lui. Ensuite, il ne regarda plus. L'Oeil disparut, désintégré par ce dernier choc. Les attaques de Charles l'avaient brisé, lui avaient enlevé toute force. Dans le cas contraire, un simple coup du genre l'aurait à peine chatouillé. Seulement, l'Oeil était presque déjè mort lorsque le coup était parti. Ses dernières réserves d'énergie avaient été vidées d'un coup.

L'iris de la créature avait perdu son arc-en-ciel magique pour reprendre sa couleur d'origine, un bleu très clair, très doux, un bleu qui semblait ne jamais avoir connu le mal. Puis, il vira au gris alors que la pupille se dilatait, formant comme une flaque d'ombre glissant au milieu de l'iris. Le monstre perdit peu à peu de sa consistance et il finit par disparaître complètement, sans même laisser une petite poussière comme preuve de son existence. Il avait disparu, emportant avec lui tous ces souvenirs dont aucune autre créature n'aurait pu comprendre la signification. L'Oeil était mort, enfin.

[Ce fut la fin de l'Oeil.]